ACTUALITÉS NATIONALES
15 décembre 2020
L’école à la carte…
Notre cadeau de Noël est arrivé ce mardi matin avec l'annonce du premier ministre que l'absence des élèves sera tolérée jeudi et vendredi. Cela a entrainé immédiatement son lot de réactions épidermiques de la part d'une profession qui se sent déconsidérée depuis trop longtemps.
Le SNE a interpellé le ministère dès mardi midi. Il nous a été précisé que la décision avait été prise par le 1er ministre après avis du conseil scientifique. Le ministre de l’Éducation nationale a semble-t-il été mis devant le fait accompli et a dû informer rapidement les recteurs.
Cette communication gouvernementale - on peut parler d'errance médiatique - était a priori un non-événement. Cela ne va changer la face du monde : l'Education nationale "tolère" de toute façon les absences des élèves et ne les sanctionne que dans de très rares cas.
Il était prévisible que cette annonce allait heurter les enseignants, et ce à plusieurs titres. Nous l'avons indiqué dans les termes suivants au ministère :
« - Primo, à un moment où l'on évoque l'obligation de la scolarité, cela fait désordre et jette le discrédit tant sur l’importance de la scolarisation que sur le métier d’enseignant.
- Secundo, cela laisse entendre que les écoles sont un terrain propice à la diffusion du virus (soit l'exact contraire de ce que l'on nous dit depuis des mois…)
- Tertio, cela est inégalitaire car toutes les familles qui le souhaitent, celles d'enseignants les premières, ne pourront pas garder leur enfant à la maison.
Pour le SNE, il aurait été plus judicieux soit de ne rien dire, soit de fermer les écoles 2 jours plus tôt (comme en Allemagne, aux Pays-bas...). Tout cela apparaît vraiment improvisé et irréfléchi ».
Cette décision nous heurte d'autant plus que, il y a quelques jours à peine, lors d’un point d’étape sanitaire, le SNE avait expressément demandé au ministère de ne pas faire de changements de dernière minute ni avant les vacances scolaires, ni au cours de celles-ci pour une application à la rentrée de janvier. Il nous avait été assuré qu’aucune modification n’interviendrait avant le 20 janvier. Enseignants, syndicats, parents et élèves commencent malheureusement tous à s’habituer aux changements imprévus…
Il y a bien d'autres sujets tellement plus importants en France et dans le monde que cette bourde. Néanmoins, elle démontre la méconnaissance totale du degré de ras-le-bol de toute une profession que l’on balade depuis des années, au gré des ministères successifs, à qui l’on demande sans cesse de faire comme-ci, puis comme-ça… Et tout ça avec un Bac +5 et pour un salaire de greffier.
Alors chers collègues, surtout ne vous montrez pas zélés au point de donner le travail aux élèves absents ces jours-là. Il ne faut tout de même pas pousser le bouchon trop loin… Vendredi, ce sont les vacances, essayons de penser "léger".
Laurent Hoefman
Président du SNE