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ACTUALITÉS NATIONALES

18 mai 2021

PAI : la fausse simplification

Il est parfois très compliqué pour un enseignant d’accueillir un élève porteur de problèmes de santé et d’avoir en charge la mise en œuvre d’un protocole précis qui peut aboutir jusqu’à la pratique de gestes médicaux.

Le 10 février dernier, un nouveau document a été mis en place. Si l’on regarde la volonté actuelle du ministère de simplifier les démarches administratives tout en gagnant en efficacité, on aurait pu penser que ce document allait nous aider dans nos pratiques… or ce n’est pas le cas partout

 

 

Un PAI qui variait localement

Certains départements avaient déjà pris les devants. Ils proposaient des versions allégées (jusqu’à une page au lieu de 4) ou spécialisées.

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On trouvait par exemple un formulaire spécifique pour l’asthme, pour l’épilepsie, pour l’allergie alimentaire et un formulaire plus étoffé pour les situations les plus complexes. Les médecins de famille pouvaient remplir ces éléments et chaque année, le directeur faisait valider les documents par la médecine scolaire et les parents s’occupaient de donner à chaque partie les documents en question.

 

Si la multiplicité des formes de procédure pour un même type d’aménagement pouvait laisser songeur, force est de constater que ces dispositifs fonctionnaient. Unifier tout cela demeure logique si l’on se place dans un cadre national. 

En profiter pour améliorer la procédure afin de simplifier la vie des collègues qui gèrent ces dossiers aurait été une bonne initiative. 

 

 

Un formulaire unique

 

Le nouveau document « est élaboré à chaque entrée dans une école maternelle, élémentaire, un collège et un lycée, pour la durée de la scolarité dans le même établissement, sous réserve de la transmission des éléments nécessaires à chaque rentrée scolaire ».

 

Il semble donc y avoir une simplification. Notre syndicat aurait pu souligner une évolution positive, mais la situation n’est pas si évidente que cela. 

 

Si l'on regarde de plus près on trouve noté « La modification éventuelle du PAI nécessite l'expertise du médecin de l'éducation nationale ou du service de protection maternelle et infantile »

 

Cette dernière phrase implique une monopolisation importante des acteurs de la médecine scolaire. Or, nous savons très bien aujourd’hui qu’il est déjà compliqué pour eux de répondre à toutes les sollicitations. 

 

Les PAI risquent donc de ne plus pouvoir évoluer rapidement en fonction des besoins des élèves qu’ils concernent. Cela constitue un recul plutôt qu’une amélioration.

 

 
Le directeur en première ligne

 

Comme dans tant d’autres domaines de la vie d’une école, le directeur exerce ici un rôle clé

Il informe la famille de la possibilité de mise en place d'un PAI, lui remet les documents relatifs au PAI et les contacts utiles. Il sollicite l'infirmier ou le médecin pour toute information ou conseil, il s'assure de l'élaboration et de la mise en œuvre du PAI, ainsi que de sa transmission aux partenaires concernés après sa signature. 

Le directeur est placé au cœur de cette procédure. Sans lui, rien n’est possible puisqu’il lui incombe même d’alerter les parents sur la possibilité de mise en place d’un PAI.

Or, cette procédure ne s’appliquait pas partout. Avant, c’était aux parents de penser à tous les acteurs. Aujourd’hui, le directeur doit prendre à sa charge de transmettre à tous, avec la responsabilité de le faire le plus vite possible et de n’oublier personne.

 

Le déroulement de la procédure est simplifié, mais sa charge incombe désormais en totalité au directeur, ce qui, en l’état actuel des choses et selon les organisations locales existantes, constitue une dégradation de leurs conditions d’exercice. 

 

Car il ne faut pas oublier non plus que le directeur est également celui qui informe l'équipe de l'école, y compris les remplaçants, des PAI existants, et peut désigner une personne « ressource » chargée de la mise en place pédagogique du PAI et de son suivi. 

Il veille à ce que le PAI et les médicaments éventuels soient à disposition dans un lieu partagé accessible par les adultes de l'école ou de l'établissement, chargés de son application. Enfin, il engage les concertations nécessaires avec les partenaires afin de faciliter l'élaboration et la mise en œuvre du PAI sur tous les temps de présence de l'enfant dans l'école.

 

Le rôle central du directeur est plus que confirmé. Pour le tenir correctement, il lui faut du temps. C’est dans cette logique d’acceptation de ses pleines responsabilités dans un cadre professionnel reconnu que le SNE milite pour un statut des directeurs et pour une évolution en profondeur de leurs conditions de travail et notamment une augmentation de leur temps de décharge

 

Trouver de l’aide

Les enseignants aussi ont besoin de comprendre les implications de l’accueil d’un élève possédant un PAI, les implications pédagogiques mais aussi, parfois, les implications médicales. Si vous accueillez un élève avec un PAI et que cela vous pose des difficultés, nous vous recommandons de consulter le site tousalecole.fr.

 

Il s’agit d’un site ressource très bien élaboré dont l’objectif est de fournir à tous les acteurs de la scolarisation un ensemble de ressources informatives, pratiques et vérifiées. Il bénéficie du soutien du Ministère de l’Éducation nationale, du Ministère de la Santé et du Secrétariat d'État aux Personnes handicapées, ainsi que du patronage de l’Académie de médecine.

Ce site propose un ensemble de fiches qui se répartissent en quatre grandes thématiques : 

- « Rendre l’école accessible » 

- « S’informer sur les maladies et leurs conséquences » 

- « Connaître le point de vue des personnes concernées »  

- « Travailler ensemble ».

 

Au SNE, nous pensons qu’il est indispensable de bien accueillir tous les élèves qui nous sont confiés sans obérer le bien-être au travail de tous, élèves comme enseignants.

Le SNE travaille également à l’amélioration des conditions d’exercice de tous les professionnels du premier degré, enseignants et directeurs.

 

C’est d'ailleurs parce que nous connaissons les difficultés et les contraintes induites par les PAI et le suivi des élèves à besoins particuliers que nous militons pour une prime spécifique en faveur des enseignants du premier degré qui reconnaîtrait leur travail en la matière.

 

Stéphanie Paris

Membre du bureau national

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