ACTUALITÉS NATIONALES
20 septembre 2021
L'esprit d'équipe ne se décrète pas
La volonté de voir des équipes efficaces dans les écoles est très fortement affichée par le ministère. Elle se retrouve dans les conclusions du Grenelle et dans la proposition choc du président Macron pour Marseille.
Le SNE a participé aux derniers travaux ministériels sur le sujet. Notre syndicat y a défendu une position pragmatique de professionnels du terrain.
Le postulat ministériel
Le Ministère considère que l’esprit d’équipe est un gage quasi systématique de réussite des élèves. Il entend donc tout faire pour en favoriser l’émergence.
Pour le SNE, la valeur d’une équipe n’est pas forcément supérieure à la somme des compétences de chacun de ses membres, surtout si ladite équipe ne fonctionne pas bien.
Pour notre syndicat, la liberté et l’autonomie des équipes sont essentielles pour faire bien vivre le collectif de chaque école. Le SNE estime nécessaire de libérer les énergies et de déployer les compétences individuelles de façon à améliorer le collectif.
Dans le premier degré, depuis un certain nombre d’années, la charge de travail et les injonctions diverses et variées ont explosé le quota des 108 heures des professeurs des écoles. Cela a eu la conséquence de réduire le travail en équipe à sa portion congrue.
Pour le SNE, la volonté de s’inscrire dans une équipe ou dans un projet est un préalable incontournable à sa concrétisation, à son développement. Sans la participation active et motivée des professeurs, il ne pourra jamais y avoir de résultat positif dans ce domaine.
Les propositions du SNE
Pour notre syndicat, il est avant tout indispensable de donner aux directeurs et à leurs adjoints les moyens de faire pleinement vivre leur collectif, celui de leur école, celui qu’ils construisent, dont ils ont envie et dont ils ont même peut-être besoin.
C’est dans ce cadre que notre syndicat a défendu l’extension de l’autonomie et de l’indépendance des équipes.
Voilà pourquoi, le SNE préconise de :
-
laisser une totale liberté des équipes dans la gestion des 108 heures,
-
faire confiance aux professeurs pour choisir des méthodes d’enseignement appropriées pour leurs élèves,
-
permettre aux enseignants de construire leur projet d’école autour d’actions simples et choisies et non autour d’une multitude d’autres projets (académique, de réseau et de circonscription) souvent imposés et éloignés de la réalité de leur école ; de ce fait, permettre aux enseignants de décider du contenu de leur formation continue,
-
permettre aux directeurs de disposer de plus de temps pour animer et piloter en rationalisant leurs tâches (sans en ajouter continuellement), en augmentant de manière significative les temps de décharges et en créant des postes pérennes d’aides administratives.
Il ne faut pas se leurrer, même avec de tels aménagements, aucun résultat ne peut être garanti en matière de vie d’équipe pas plus que pour les répercussions sur les résultats des élèves. Les conditions seraient néanmoins beaucoup plus favorables qu’aujourd’hui.
Rappelons aussi que la réussite d’une équipe enseignante ne dépend pas uniquement de sa propre volonté. Il lui faut travailler de concert avec la mairie, les associations, les partenaires éducatifs.
L’Éducation Nationale, aussi proactive qu’elle puisse devenir, n’a pas toutes les clés en main pour aboutir à l’avènement plein et entier de l’esprit d’équipe dans toutes les écoles de notre pays.
Olivier Bultel
Membre du bureau national
Philippe Ratinet
Secrétaire général aux publications