ACTUALITÉS NATIONALES
30 janvier 2023
Fin de la priorité au premier degré
Jusqu’à récemment, le ministre de l’Éducation nationale nous répétait qu’il existait une priorité au premier degré, notamment en matière de dotation de postes d’enseignants. Cette prévalence n’est plus. La présentation des dotations en ETP (Equivalents Temps Plein) par académie pour l’année prochaine en témoigne.
Moins d’enseignants dans le premier degré pour la rentrée 2023
La plupart des académies perdent des enseignants. La diminution totale est de 667 ETP sur l’ensemble territoire à la rentrée 2023 pour le premier degré. Le ministère justifie cette baisse par la baisse démographique (moins 63 748 élèves prévus).
Pourtant quelques jours après cette annonce, une étude de la DEPP (la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) qui compare les différents systèmes éducatifs en Europe pointe le retard de la France dans trois domaines majeurs :
-
le niveau des salaires des enseignants français reste en recul par rapport aux pays européens,
-
le nombre d’élèves par classe en France est l’un des plus élevés des pays comparés,
-
le volume horaire global des enseignements dans le premier degré français est l’un des plus importants de ce comparatif.
Intéressons-nous ici aux deux derniers points.
Un nombre trop important d’élèves par classe
Cet énième rapport indique que la France a le nombre moyen d'élèves par classe le plus élevé des 22 pays de l’Union Européenne. L’écart est d’autant plus important dans les classes maternelles avec 10,4 élèves de plus que la moyenne européenne.
Pour le SNE, ce constat est d’autant plus dramatique que le dédoublement de certaines classes cache des disparités importantes et diminue artificiellement le nombre d’élèves moyen par enseignant.
Les classes chargées représentent une difficulté de travail au quotidien pour les enseignants comme pour les élèves. Diminuer le nombre d’enseignants au motif qu’il y a moins d’élèves marque la fin de la timide amélioration gagnée lors du précédent quinquennat. C’est un choix regrettable, surtout à l’heure où l’on nous parle d’allonger la durée des carrières.
Un volume d’enseignement particulièrement important
Dans cette analyse, la DEPP rappelle que le volume annuel d’enseignement en France est nettement supérieur à la moyenne des pays de l’UE-27 à savoir 864h contre 760h en moyenne.
Pour le SNE, arguer qu’il faudrait que les enseignants du premier degré travaillent plus pour être mieux payés relève donc soit d’une méconnaissance de la réalité de leur travail soit d’un choix politique délibéré, ce qui poserait question sur l’avenir de l’Ecole Publique.
La fin de la priorité au premier degré
Ces dernières années, malgré la baisse démographique des élèves de primaire, le ministère avait fait le choix de ne pas réduire le nombre d’enseignants.
Le choix de supprimer des postes en 2023 amènera mécaniquement les DASEN à devoir opérer des choix cornéliens : augmenter fortement le nombre d’élèves moyen par classe, réduire le vivier de remplaçants, limiter le nombre d’enseignants spécialisés, geler le dédoublement des classes…
Ce choix exclut également de fait toute perspective d’amélioration des conditions de travail des directeurs. Pour rappel, en 2021, le SNE avait proposé en lien avec d’autres syndicats un plan quinquennal d’amélioration du régime de décharge des directeurs.
Ce coup d’arrêt marque un changement de cap regrettable. La priorité au premier degré ne semble plus être au goût du jour du ministère.
Le SNE continuera à défendre activement les intérêts des professeurs des écoles et des instituteurs. Nous ne manquerons pas de rappeler enquêtes, données et constats au ministère pour qu’il en prenne la mesure. La baisse d’attractivité de notre métier s’explique aussi par les tristes constats détaillés ci-dessus. Il est temps d’y remédier avant que le plus beau métier du monde ne disparaisse