ACTUALITÉS NATIONALES
3 mars 2023
Enseignant du premier degré :
soulager une profession en souffrance
Selon les dernières données publiées par la DEPP (Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance) dans l’Education nationale en chiffres, un enseignant français du 1er degré fait partie des enseignants qui donnent le plus grand nombre d’heures de cours, pour un salaire parmi les plus bas de l’OCDE avec les classes parmi les plus chargées, avec un nombre croissant d’élèves à besoins particuliers. Ces signaux alarmants sont bien connus de notre syndicat. Aujourd’hui, c’est le ministère lui-même, par le biais de la DEPP, qui reconnaît la situation. Le mal est là. Il est plus que temps de lui administrer un remède efficace.
La réalité sur le temps de travail et les vacances
Selon le site du ministère, un enseignant travaille 44h par semaine, soit 1584h par an. Ramené à une semaine de 35 heures, on aboutit à 45 semaines de travail. Sur une année de 52 semaines, un enseignant bénéficie donc de 7 semaines de congés payés.
Se focaliser sur le nombre de semaines de congés annuels, une constante de l’opinion publique, masque la réalité de l’ampleur du travail des enseignants. Le mythe de l’enseignant fainéant qui jouit d’une oisiveté permanente ou presque persiste malheureusement. Parfois jusqu’au ministère où le SNE a eu plus d’une fois l’occasion de rappeler qu’au cours d’une journée de travail à l’école, un PE se demande plus s’il aura le temps de passer aux toilettes que si la salle des maîtres est assez confortable pour se relaxer.
Ce préambule étant posé, plus que le temps de travail effectif, il faut examiner les conditions de travail.
Des conditions de travail dégradées
Pour la session 2023, selon les données du ministère, il y a 38,7 % de candidats au CRPE en moins par rapport à la session 2021.
Cette baisse dramatique du nombre de candidatures témoigne cruellement du peu d’attractivité actuelle de notre profession. La dégradation des conditions de travail explique pour partie cette désaffection croissante pour la profession de professeur des écoles.
La DEPP avait relevé, dans une précédente étude sur les enseignants face aux risques psychosociaux, que les enseignants, et notamment ceux du 1er degré, étaient plus soumis aux risques psycho-sociaux que les autres professions.
Les enseignants du 1er degré sont des fonctionnaires qui exercent leur profession dans des conditions de plus en plus dégradées. La pression et les injonctions hiérarchiques sont de plus en plus fortes. La charge de travail hors classe croît de manière exponentielle. La pression quotidienne liée à la gestion de l’hétérogénéité pèse d’autant plus lourd que toutes les problématiques liées à l’école inclusive s’y sont ajoutées. Les mises en accusation par des familles et l’entrisme des familles, y compris sur le contenu des enseignements, deviennent de plus en plus courantes.
Plutôt que de continuer à remplir aveuglément un quota de 108 heures, à imposer plans de formation et évaluations d’école, il est grand temps de se pencher sur les modalités de l’exercice de notre profession pour les rendre plus humaines, plus acceptables.
Une rémunération indigne des profils recrutés
Aujourd’hui, un professeur des écoles touche environ 14,33€/h brut au premier échelon contre 11,67€/h pour le SMIC. Ce même enseignant peut espérer toucher 24,73€/h au bout de 25 ans de carrière. Si son engagement est particulièrement poussé, il fera partie de la petite minorité qui finit sa carrière au dernier échelon de la classe exceptionnelle et il obtiendra 35,71€/h, soit un peu plus de 3 fois le SMIC. Pour rappel, au début des années 1980, un enseignant débutant gagnait l’équivalent de 2,3 fois le SMIC.
Les enseignants sont donc globalement moins bien rémunérés qu’il y a 40 ans. Pourtant, le niveau de recrutement des professeurs des écoles n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui. Leur charge de travail aussi. Le métier s’est complexifié. Et leur rémunération a fondu comme neige au soleil. Pour le SNE, c’est une des raisons pour lesquelles les jeunes se détournent de cette profession.
Voilà pourquoi notre syndicat milite encore et toujours pour obtenir une revalorisation spécifique de la rémunération des enseignants du 1er degré. Et nous nous ne nous étendrons même pas ici sur la différence entre un PE et un professeur certifié, recrutés à niveau universitaire équivalent mais séparés par 400 euros mensuels alors qu’ils partagent la même grille indiciaire.
Un mépris pour la santé des personnels
Aujourd’hui, il n’existe pas de suivi médical régulier des enseignants dans le cadre de la médecine du travail. Le nombre de médecins en exercice dans l’Éducation nationale (82 en 2020, soit un pour 18 485 personnes) est si indigent qu’il ne permet pas d’espérer établir le moindre suivi de l’ensemble des personnels.
Les enseignants sont pourtant en première ligne face aux virus de l’hiver, comme ils l’ont été face au COVID lors de la crise sanitaire. Les enseignants sont exposés à des niveaux sonores importants. Ils doivent se baisser régulièrement, très bas lorsqu’ils exercent en maternelle. Interrogé en réunion par le SNE sur le manque de médecins de prévention dans l’Education nationale, le ministère a admis que les professionnels de santé ne répondent pas aux offres de recrutement qui sont lancées. Pour notre syndicat, rester sur ce statu quo est inacceptable, surtout à une ère où la durée des carrières va croissant. Travailler avec de jeunes enfants jusqu’à 62 ans ou plus nécessite un suivi médical. Ce suivi est une revendication récurrente du SNE.
Au vu de ce triste état des lieux, notre syndicat affirme qu’il est temps de lancer un grand chantier pour la refonte de la profession de professeur des écoles. Rémunération, temps et conditions de travail, médecine du travail sont les sujets à traiter en priorité pour sauver ce métier exaltant sur lequel repose toute la construction de notre société de demain et qui devrait être attractif et valorisant.