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ACTUALITÉS NATIONALES

8 mars 2023

Le travail invisible doit être rémunéré

Le SNE a été reçu par M. Boris Melmoux-Eude, le DGRH du ministère de l’Éducation nationale, mardi 7 mars. Nous lui avons d’abord rappelé l’état des lieux de la rémunération des enseignants du 1er degré. Nous avons ensuite abordé la question du volet pacte du projet de revalorisation.

 

Notre syndicat n’approuve pas tel quel le projet présenté par le ministère sur ce sujet. Nous avons profité de cet entretien pour lui rappeler les mesures que nous proposons afin de répondre au déclassement de la profession d’enseignant du 1er degré.

 

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Le PE occupe un poste de cadre A sans être payé comme tel

 

Les rapports de l’OCDE, le Grenelle, l’ORBE (Observatoire de la Rémunération et du Bien-être des Enseignants) pointent tous le fait que les enseignants du 1er degré sont les parents pauvres de l’Éducation Nationale.

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Aujourd’hui, un PE et un professeur certifié ont un écart de rémunération de l’ordre de 300 euros par mois alors qu’ils partagent la même grille indiciaire. Cela représente une différence de 200 000 euros sur une carrière complète.

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Le SNE dénonce cet écart de traitement entre des professionnels recrutés à niveau universitaire équivalent, pour un titre équivalent et qui exercent des missions si proches que les PE sont désormais invités à aider les certifiés au collège.

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Pour rappel, la différence de rémunération qui existe entre un PE et un professeur certifié provient uniquement du régime indemnitaire dont bénéficient les certifiés.

 

Dans son rapport au Sénat, annexé au projet de loi de budget 2022, Gérard Longuet enfonce le clou : «La rémunération d’un professeur des écoles est inférieure au salaire moyen des fonctionnaires civils de catégorie B.»

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Hormis au niveau de son recrutement, celui d’un solide cadre de catégorie A, dans les faits, notre employeur traite le professeur des écoles comme un cadre de catégorie B.

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Cette situation explique pourquoi l’ONISEP considère désormais que les PE exercent une profession intermédiaire alors que les certifiés demeurent des professions intellectuelles supérieures.

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L’écart de traitement entre le 1er et le 2nd degré est criant. Pour le SNE, il est intolérable. PE et certifiés devraient bénéficier d’un niveau de rémunération équivalent.

 

M. Melmoux-Eude a convenu de la justesse de ce constat. Il a affirmé que le ministère entend traiter 1er et 2nd degrés avec la même importance. Il en a voulu pour preuve les mesures de revalorisation dites socle qui concernent uniformément tous les enseignants.

 

 

Un pacte pour reconnaître les spécificités du premier degré

 

Proposer de travailler plus pour être mieux rémunéré ne constitue pas une mesure de revalorisation. Aujourd’hui, les enseignants du 1er degré ont besoin d’être reconnus pour ce qu’ils accomplissent déjà gratuitement, pas de prendre en charge de nouvelles missions.

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Le SNE a donc proposé que le ministère utilise la partie pacte de la revalorisation pour améliorer la rémunération des enseignants du 1er degré puisqu’ils accomplissent déjà beaucoup plus que leur mission d’enseignement.

 

Le DGRH nous a indiqué que les mesures envisagées sont équitables entre les degrés et montrent que le ministère tient compte du premier. Pour étayer son propos, il a ajouté que les montants futurs de l’ISAE et de l’ISOE seraient les mêmes (c’est vrai pour la part fixe) et que celui des heures supplémentaires avait vocation à devenir identique.

 

Le SNE admet que cette équité est une bonne chose, mais elle ne résout pas le problème de différence de rémunération entre les degrés. Il est nécessaire d’ aller plus loin.

 

Notre syndicat a alors mis en avant le travail invisible effectué par les enseignants du 1er degré au quotidien : l’accueil des enfants avant la classe, la gestion des sorties, la surveillance des récréations, le suivi des absences, l’accueil des élèves des collègues absents et non remplacés…

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Ce travail dispense depuis des années l’administration de frais de personnel de vie scolaire, de secrétariat, de remplacement. Il serait donc légitime que l’administration le reconnaisse en créant une indemnité de vie scolaire en faveur des PE.

 

Pour notre syndicat, c’est en fait un régime indemnitaire spécifique au 1er degré tout entier qu’il faut instituer. Celui-ci devrait comprendre, en plus de l’indemnité de vie scolaire : l’alignement du montant de l’ISAE sur le montant total de l’ISOE (part fixe et part variable), la création d’IMP (Indemnités pour Missions Particluières) pour le 1er degré, un alignement du montant des heures supplémentaires entre les degrés…

 

Le SNE a aussi revendiqué la mise en application de la loi Rilhac, notamment sur le volet de la rémunération et de l’avancement spécifiques des directeurs d’école.

 

Ainsi, tous les collègues recevraient les fruits de leur engagement.

 

Sur la question de la direction, le DGRH nous a indiqué que le ministère avait choisi d’attendre la fin des élections professionnelles pour se lancer sur les décrets d’application de la loi et que les travaux étaient actuellement en cours sur le sujet.

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Il nous a aussi affirmé avoir bien noté le besoin de reconnaissance spécifique de tous les collègues du 1er degré.

 

Nous avons alors ajouté que, selon les données du rapport Longuet, une fois l’impact de l’inflation pris en compte, «les enseignants français ont perdu entre 15 et 25% de rémunération au cours des vingt dernières années». Cette baisse impacte surtout les milieux et fins de carrière.

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Force est de constater que le ministère fait le choix d’améliorer presque exclusivement la rémunération de la première moitié de la carrière.

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Pour ces collègues, les mesures d’amélioration de déroulement de carrière seront des avancées conséquentes, mais elles ne suffiront pas à remplir le pacte que le président Macron leur avait fait miroiter, à savoir 10 % d’augmentation pour l’ensemble des enseignants.

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Il est à espérer que le ministère saura enfin entendre nos revendications et que 2023 ne marquera pas un énième rendez-vous manqué entre la France et les enseignants du 1er degré.

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