ACTUALITÉS NATIONALES
28 septembre 2023
Lisa : tristesse et indignation
Le SNE tient à exprimer tout d’abord sa profonde tristesse suite au décès tragique de la petite Lisa, victime de violences familiales.
Le SNE veut ensuite affirmer son indignation face au traitement infligé à la directrice de l’école de cette enfant.
En effet, la façon dont notre collègue a été pointée du doigt nous semble tout à fait exagérée et déplacée. Livrée en pâture à l’ire publique, coupable toute désignée de manquements supposés abominables, la voilà presque désignée responsable du drame qui s’est joué en-dehors de l’école.
Le SNE tient à assurer la directrice et les enseignants de l'école maternelle de Conches-en-Ouches du soutien de notre syndicat.
Parce que nous sommes des professionnels de terrain, nous savons à quel point il est difficile de gérer les situations familiales compliquées et souvent cachées. Les directeurs et les enseignants sont bien trop livrés à eux-mêmes, sans le temps nécessaire pour réaliser tout ce qui leur est demandé, sans aide administrative à l’école, sans soutien direct des professionnels de santé ou de la protection de l’enfance.
Les enseignants sont dans l’action permanente : ils s’occupent de leurs élèves 6 heures par jour en classe, les surveillent et les accompagnent de la classe et jusqu’au portail 40 minutes par jour, corrigent les travaux des élèves, reçoivent des parents, préparent leur classe, répondent aux sollicitations diverses et variées et n’ont guère de temps pour autre chose.
Les directeurs (qui sont bien souvent d’abord enseignants) quant à eux, même s’il peuvent bénéficier d’un temps de décharge, sont confrontés à la gestion matérielle et administrative de leur école. Ils se soucient et s’occupent de l’absentéisme des élèves de leur école, mais la gestion de priorités toujours plus nombreuses les oblige trop souvent à faire des choix. A cela il faut ajouter que les procédures de signalement d'absentéisme ou d'information préoccupante aux services sociaux ou judiciaires sont longues et que, très souvent, l’Éducation nationale n'y donne peu voire pas de suite.
Laisser supposer que la responsabilité du crime dont a été victime la petite Lisa puisse reposer sur cette directrice d’école est ignoble et injuste. Que l’Éducation nationale prenne une mesure conservatoire pour la protéger pendant l'enquête peut s’entendre. Que cette mesure soit connue et médiatisée est une porte ouverte à un lynchage public. C’est purement inacceptable.
Pour le SNE, il revient à l’institution de former correctement ses agents à la reconnaissance des signes de maltraitance et surtout à l’État de mettre en place un système efficace qui puisse prendre en charge ces situations rapidement et efficacement. Pour cela l’appui de professionnels formés et aguerris (infirmiers, médecins, assistantes sociales) est indispensable.
Il est intolérable que les enseignants du premier degré et les directeurs soient laissés seuls en première ligne face au douloureux sujet de société qu’est la maltraitance intrafamiliale.