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ACTUALITÉS NATIONALES

6 décembre 2023

Evaluations d’écoles (2)

Dans le premier volet concernant les évaluations d’école, nous vous présentions le dispositif (objectifs, écueils, calendrier indicatif, …).

 

Dans ce deuxième épisode, nous vous livrons des témoignages et des conseils ainsi que la position du SNE sur ces évaluations …

 

Les retours des collègues

Les délégués du SNE ont pu recueillir, sur le terrain, différents témoignages de collègues qui ont déjà mis en œuvre l’évaluation d’école. En voici le condensé :

évaluation d'école 2 _ un outil qui doit rester facultatif .001.png

 

Les retours positifs

  • La possibilité pour l’équipe de faire le point sur son école et de trouver des pistes pour améliorer la réussite des élèves.

  • L’amélioration de la cohérence au sein de l’équipe, suite à un diagnostic issu de l’auto-évaluation ou de l’évaluation externe.

  • Dans certains départements, un nombre d’heures dédiées pour la mise en œuvre de l’évaluation d’école (heures d’APC ou d’animations pédagogiques) est prévu.

  • Une attitude positive des évaluateurs.

  • Le travail d’évaluation d’école servira pour la rédaction du projet d’école.

  • Le recueil de l’avis des élèves, familles et personnel peut apporter un regard nouveau et intéressant.

 

Les retours négatifs

  • Le temps important que cette évaluation prend à l’équipe, dans les départements où il n’est pas compensé.

  • Un manque d’intérêt et d’utilité dans certaines écoles, notamment quand l’école fonctionne bien. L’évaluation est alors vécue comme une charge supplémentaire inutile.

  • L’absence de repères permettant de faire un auto-diagnostic. En effet, les seuls éléments exploitables se résument souvent aux résultats d’évaluations nationales des élèves. Avec le nombre de données que les directeurs font remonter à travers les enquêtes en tout genre, cela pose question…

  • Le manque criant d’accompagnement pour l’auto-évaluation dans certains départements et certaines circonscriptions.

  • L’impression de faire un deuxième projet d’école, alors que le rapport final est censé le renseigner.

  • Le recueil de l’avis des élèves, familles et personnel peut être vécu comme quelque chose d’intrusif.

  • Dans le cadre proposé par le CEE, « l’adhésion de l’ensemble de la communauté éducative (…) à la démarche d’évaluation de l’école est une condition de réussite ». La contrainte n’est donc pas préconisée.

 

 

Les remontées du terrain mettent donc en lumière des disparités notables sur le territoire national :

 

- Pressions pour que des équipes se portent volontaires.

- Absence de temps dédié avec un renvoi systématique sur les 108 heures dans le premier degré.

- modalités de consultation des parents d’élèves et des collectivités imposées en dépit du cadre national.

- outil pour l’auto-évaluation, qui se sont pas toujours mis à disposition par certains IEN.

- surcharge de travail pour le directeur, parfois esseulé dans cette tâche dont il peut se sentir le dépositaire.

Peut-on refuser ?

 

Le CEE « préconise » que toutes les écoles soient évaluées tous les 5 ans. Aucun texte réglementaire ne contraint à mettre en œuvre cette évaluation, mais l’instauration du CEE par la loi Blanquer de 2019 lui assigne bien pour mission de définir « les outils des auto‐évaluations et des évaluations des établissements conduites par le ministère chargé de l’Education nationale ».

 

L’évaluation d’école s’inscrit donc dans la politique éducative nationale.

 

Si l’injonction provient de la hiérarchie (DASEN), un fonctionnaire ne peut s’y soustraire (principe d’obéissance hiérarchique des agents publics) dès lors que la demande ne contrevient pas à ses missions, ni à ses obligations réglementaires de service (ORS), ni ne « compromet un intérêt public », et n’est pas « manifestement illégale ».

 

Le respect des ORS peut donc être problématique. Dans certains lieux, la DSDEN a libéré des heures pour l’évaluation d’école (heures d’animations pédagogiques, heures d’APC). Mais ailleurs, c’est bien sur les 48 heures que l’évaluation devra être faite, 48 heures souvent largement dépassées ! Pour rappel, ces 48 heures sont consacrées aux « travaux en équipes pédagogiques, relations aux parents, élaboration et suivi des PPS pour les élèves handicapés ».

 

 

Le SNE encourage donc tous les collègues à faire un décompte préventif des 48 heures dans lesquelles ces travaux s’inscrivent. Seul ce décompte peut être opposable pour justifier la non-participation à ces heures.

 

Le SNE se doit également de mettre en garde les collègues qui souhaitent refuser cette évaluation d’école, à l’appel de certaines organisations, sans autre arme qu’une consigne syndicale. Ils risquent de se retrouver bien démunis lorsqu’il faudra assumer leurs positions…

 

Enfin, c’est peut-être avant tout du point de vue du directeur qu’il faut se positionner puisque c’est lui qui va gérer ce dossier et qui en sera le « grand ordonnateur ». Inciter les collègues à s’engager collectivement ne pourra être que bénéfique pour la communauté éducative.

 

En conclusion

 

Pour le SNE, l’évaluation d’école doit être vue comme un outil mis à disposition des équipes pour apprécier la qualité de leur travail et pointer les éventuelles marges de progression. Elle peut être la source d’une réflexion qui nourrira la rédaction du projet d’école.

 

Il est à noter que les conclusions de ces évaluations d’école restent à l’état de pistes, d’orientations et qu’elles n’engagent que les écoles qui souhaiteraient mettre en place des actions spécifiques.

 

Si notre syndicat reconnaît que les équipes peuvent trouver un intérêt dans ces évaluations, il observe que dans la majorité des écoles les évaluations sont plutôt subies. Ce n’est que si elles sont considérées comme potentiellement intéressantes par les collègues que celles-ci pourront se révéler efficaces.

 

Nous demandons donc que ces évaluations restent facultatives afin qu’elles conservent leur intérêt, comme le prône le CEE.

 

Notre syndicat rappelle que les collègues sont fatigués par un métier rendu de plus en plus difficile par la lourdeur administrative, par l’inclusion à tout prix et par le manque de considération sociétale et institutionnelle. Ces évaluations représentent évidemment une charge de travail supplémentaire pour les enseignants et les directeurs. Nous demandons donc une généralisation de l’octroi d’heures de compensation comme cela se fait dans certains départements, allant jusqu’à la totalité des heures d’animation pédagogiques, auxquelles s’ajoutent des heures rémunérées si nécessaire (en Haute Garonne par exemple) ; sans quoi ce dispositif deviendra, comme le projet d’école, une énième tâche annexe, inutile et chronophage à inscrire dans un agenda surchargé…

 

Pour le SNE, le ministère aurait pu être plus ambitieux en engageant davantage l’Administration à accompagner les équipes (formation spécifique sollicitée par les équipes, attribution de moyens matériels, mise à disposition d’outils…). La confiance et la subsidiarité n’auraient alors plus été de simples déclarations d’intention.

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