ACTUALITÉS NATIONALES
12 décembre 2023
La valse des formations
Dans quelle équipe de travail, la même formation est-elle imposée au personnel junior qui débute dans le métier, simultanément avec le personnel qui œuvre depuis 30 ans ?
Force est de constater, que c’est le cas au sein de l’Éducation nationale.
Prend-on en compte les besoins formalisés par les enseignants ?
Se pose-t-on la question des compétences qu’ils auraient parfois acquises dans une autre vie professionnelle ou par le biais de leur vie personnelle ?
Vont-ils en formation, heureux d’apprendre de nouvelles pratiques et de se retrouver pour échanger avec leurs pairs ?
Que nenni ! Rarissimes sont les collègues heureux de se rendre en formation… Beaucoup traînent les pieds avec l’impression de perdre leur temps.
L’UNESCO, lors de son colloque organisé pendant la journée mondiale des enseignants, le 15 octobre 2023, a mis en avant l’importance de prendre en considération l’expertise professionnelle du personnel enseignant. C’est une manière de contribuer à son bien-être, à la reconnaissance de ses compétences et les premiers à en bénéficier seront bien sûr les élèves.
Les textes de l’Éducation nationale imposent au personnel enseignant 18 h de formations, comprises dans les 108 h. Elles sont dispensées en dehors du temps scolaire, le soir ou le mercredi. Le personnel peut choisir son cycle… un point c’est tout. On met ensuite tout le monde dans le même panier ou presque.
Résultat
Des enseignants désabusés qui vont en formation avec des pieds de plomb et le regret de n’avoir été ni écoutés, ni entendus et surtout avec le sentiment qu’on ne reconnaît pas suffisamment leurs compétences professionnelles. À coups de réformes institutionnelles, on remet leurs savoir-faire sur la sellette.
Comment pourrait-on prendre en considération leurs demandes ?
Il fut un temps où les enseignants pouvaient choisir des formations sur un échantillon de propositions variées pouvant correspondre à leurs besoins. Un enseignant qui exerce dans un niveau ou un cycle depuis 30 ans n’a pas les mêmes besoins qu’un enseignant débutant ou un remplaçant…
Au SNE, nous voulons bien entendre que sur les 18 h de formation obligatoire il y en ait une partie qui observe des directions prises en fonction des évaluations et des considérations gouvernementales.
Cependant, ces heures ciblées, pourraient envisager la pédagogie différenciée au même titre que nous la pratiquons avec nos élèves : des formations adaptées aux compétences professionnelles des enseignants sur le terrain.
Il serait opportun de pouvoir également valoriser les compétences et qualités acquises en-dehors de l’Éducation nationale, en dispensant de certaines animations, des collègues ayant des compétences acquises ou au contraire en les sollicitant pour accompagner les formations.
La richesse, c’est autant l’accueil de la diversité que la prise en compte de la multiplicité des talents. Ce sont des valeurs incompressibles du corps enseignant.
Ces 18 h de formation sont un devoir, mais elles sont aussi un droit qui devrait être un choix positif. Il se doit de redevenir optimiste.
N’oublions pas que les élèves sont plus heureux d’apprendre quand leur enseignant est heureux d’enseigner.
Nous vous proposons deux témoignages de collègues enseignant à l’étranger
Noélia Rivas :
Professeure britannique, elle enseigne le français à la Primary school de Londres de la PS au CM2 :
«Chez nous il y a l’inset day. C'est une journée de formation banalisée sur le temps scolaire, pour toute l’école, juste après les vacances. Toutes les formations sont facultatives. Certaines formations imposées sont les safeguarding, le teaching et le learning pour ce qui concerne la sécurité.»
Aneta Fromowitz :
Professeure polonaise, elle enseigne le français et les langues étrangères en primaire, au collège et au lycée à Varsovie: «Les enseignants sont tenus de se former en permanence, en fonction des besoins de l’établissement et d’améliorer leurs compétences professionnelles et leurs connaissances générales. Les formations sont incluses dans le temps scolaire et certains thèmes sont proposés à des groupes cibles.»
Pourrait-on s’inspirer de ce qui se fait ailleurs dans le monde ?