ACTUALITÉS NATIONALES
4 avril 2024
Baisse du nombre d’élèves par classe :
un satisfecit institutionnel en trompe-l'œil
Alors que les CSA départementaux viennent de se réunir au cours du dernier mois, pour discuter des mesures de carte scolaire et de l’attribution des moyens sur leurs départements, une récente note de la DEPP est parue en toute discrétion en janvier 2024. Cette dernière s’intitule « taille des classes du premier degré : une septième année de baisse consécutive ».
Sur le terrain, on entend couramment dire que ce sont les classes dédoublées qui génèrent la baisse de la taille des classes, qu’en est-il vraiment ? Le SNE vous propose un condensé de cette note de la DEPP.
Les éléments saillants de la note de la DEPP
La baisse du nombre d’élèves par classe dans l’enseignement public avait été timidement amorcée entre 2013 et 2017, au profit de l’enseignement privé (les probables effets de la réforme des rythmes scolaires avaient engendré une fuite des familles de l’école publique vers l’école privée). Cette baisse du nombre d’élèves par classe dans l’enseignement public s’accélère depuis 2017 pour arriver, en 2023, à une moyenne par classe de 21 (en élémentaire) et de 21,7 (en maternelle).
Cette diminution s’explique en grande partie par le dédoublement des classes de GS, CP et CE1 en REP et en REP + mais également par une forte baisse démographique.
Dans le rural, des politiques de non-fermeture d’écoles et la présence de territoires ruraux dynamiques ont permis de maintenir un nombre d’élèves par classe en légère baisse. De manière globale, hors Éducation Prioritaire, le nombre moyen d’élèves par classe a baissé de 1,6 enfant entre 2015 et 2023.
Autre paramètre souligné par cette note, la limitation à 24 du nombre d’élèves en GS, CP et CE1 lorsque c’est possible. On est aujourd’hui à 89,7 % des classes de GS, CP ou CE1 limitées à 24 contre 68,8 % en 2018.
Faut-il pour autant se satisfaire de ces données ?
Pour notre syndicat, malgré les signes encourageants liés à la baisse du nombre d’élèves par classe, il est impossible de se satisfaire de ces résultats.
Tout d’abord, la faible baisse moyenne (-1,6 élève par classe) opérée entre 2015 et 2023 est probablement passée inaperçue dans la plupart des écoles situées hors Éducation Prioritaire.
Le seuil de 24 élèves par classe est bien connu des enseignants du premier degré. Au-delà, chaque élève supplémentaire compte pour deux. Passer de 29 ou 30 élèves dans une classe à 28 ou 29 est peu significatif tant la charge de travail induite par une classe aussi importante est immense, surtout si elle est en plus multi-niveaux.
Ensuite, les directeurs prenaient déjà un soin particulier à limiter le nombre d’élèves par classe en CP et en CE1. La promesse électorale, de limiter le nombre d’élèves par classe à 24 en CP et CE1 n’aura donc eu qu’un impact minime, au coût quasi-nul pour notre employeur. En revanche, cela se traduit sur le terrain :
-
Par une pression inacceptable de certains IEN sur les directeurs et directrices d’école, allant jusqu’à leur prescrire une organisation pédagogique générant des absurdités sur le plan pédagogique.
A ce titre, le SNE rappelle que la répartition des moyens pédagogiques demeure une prérogative exclusive de la direction d’école et que les avis émis par les uns et les autres sur ce sujet ne sont que consultatifs. Nous sommes là pour vous aider à résister aux pressions extérieures s’il le faut.
-
Par un nombre souvent relativement important d’élèves dans les classes de cycle 3, cycle le moins concerné par la baisse des effectifs.
L’injonction à limiter les effectifs à 24 en GS, CP, CE1 devrait normalement impacter directement les seuils d’ouverture pour les nouvelles classes. Cela n’est pourtant pratiquement le cas nulle part. Réduire la taille de la classe des uns pour gonfler celle des autres n’est qu’une demi-mesure. Le SNE déplore cet état de fait et milite pour la cohérence de l’action de l’administration.
Enfin, l’administration se prévaut de la baisse globale des effectifs d’élèves pour diminuer le nombre d’enseignants, y compris dans le premier degré. En supprimant des moyens humains dans les départements, on met à mal le remplacement (un problème dont il serait grand temps que notre ministère se soucie dans le premier degré aussi), on met à mal les RASED qui sont trop souvent moribonds, on met à mal les conditions de travail de toutes les équipes qui connaissent les dégâts causés par l’inclusion à tout prix et s’épuisent à accueillir des enfants aux profils trop particuliers pour n’importe quel enseignant, même chevronné.
Le SNE reconnaît la baisse démographique actuelle du nombre d’élèves, mais notre syndicat demande que la diminution corrélative du nombre d’enseignants soit stoppée. En conservant le nombre global de postes, l’administration améliorerait les conditions de travail des enseignants et des élèves d’une part en offrant le cadre de classes allégées, d’autre part en disposant d’enseignants pour occuper des postes de remplacement et des postes spécialisés. Un bénéfice pour tous, sans dépenser un centime de plus.