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ACTUALITÉS NATIONALES

20 juin 2024

Le recrutement des enseignants du 1er degré en berne

Les données chiffrées sont sans appel, il manquera, comme les deux dernières années, un nombre considérable d’enseignants à la rentrée de septembre 2024. La situation est tout particulièrement préoccupante sur les académies de Créteil, Guyane et Versailles, qui enregistrent de forts déficits de recrutement depuis plusieurs années. En cumulant les résultats du concours externe, du concours interne, du concours interne exceptionnel (réservé aux contractuels) et du concours supplémentaire (académies de Créteil et Versailles), il manquera plus de 1500 enseignants du primaire en septembre prochain.

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Ce déficit cumulé à la diminution globale du nombre d’enseignants dans le premier degré entraine des conséquences majeures sur le taux d’encadrement et les capacités de remplacement. La dégradation des conditions de travail, déjà très altérées, va en s’amplifiant.

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Le déficit de lauréats au CRPE, notamment dans les académies réputées les plus difficiles, est une réalité qui s’ancre dangereusement. C’est le fruit de plusieurs facteurs cumulés parmi lesquels :

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  • Le manque d’attractivité de la profession : si les débuts de carrière ont été revalorisés sous le ministère de Pap N’Diaye, les enseignants à mi-carrière n’ont quasiment pas perçu d’amélioration de leur pouvoir d’achat, surtout pas dans le contexte d’inflation que nous traversons. La classe normale, commence mieux qu’il y a quelques années, mais elle patine très vite dans un espèce de marasme salarial qui a tout pour démotiver les collègues actuels ou potentiels.

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  • La dégradation des conditions de travail des enseignants : les enseignants doivent aujourd’hui gérer toujours plus d’élèves aux profils toujours plus particuliers, à travers des dispositifs lourds et chronophages. La répétition de cette gestion, année après année, a de quoi décourager même les plus motivés d’entre nous.

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  • L’image de la profession d’enseignant dans la société : souvent pointée du doigt et parfois moquée, la profession d’enseignant du premier degré n’offre aujourd’hui plus guère de contours attrayants. L’école est trop souvent vue comme un mode de garde fort arrangeant, un «service dû» auquel on peut en plus demander des comptes si son enfant ne progresse pas. 

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Au SNE, nous savons que la pénurie d’enseignants va lourdement impacter le fonctionnement des écoles à la rentrée. Trop de collègues vont devoir garder les élèves d’un collègue absent, faute de remplaçant disponible, et se retrouver avec 5, 6, 7… élèves de plus dans leur classe. Les chiffres moyens d’élèves par classe (21,7 en maternelle et 21 en élémentaire) masquent une réalité bien plus pesante pour une grande majorité d’enseignants qui souffrent de ne pas pouvoir exercer le cœur de leur métier dans des conditions simplement acceptables. L’école tient de plus en plus sur la volonté inébranlable de collègues qui vivent leur métier presque comme un sacerdoce. Tant qu’ils le peuvent…

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Cette situation atteint aujourd’hui ses limites. Il est urgent que nos dirigeants prennent de véritables mesures pour remédier à ces difficultés de recrutement. La réforme de la formation des enseignants et le recrutement de contractuels ne sont pas les mesures structurelles de long terme qui attireront à nouveau en nombre des candidats vers la profession d’enseignant du 1er degré. Les déficits récurrents en personnels ont aujourd’hui tout pour perdurer, au détriment des personnels et des élèves. L’école primaire et les enseignants du premier degré méritent et attendent mieux pour un retour à un service public d’Education digne du pays des Lumières.

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