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ACTUALITÉS NATIONALES

25 juin 2024

Inclusion à l'école : école lieu de prise en charge

Aujourd’hui, l’enseignant est toujours plus tenu à une quête d’individualisation dans son travail, de suivi de prescriptions externes, institutionnelles et ou médicales. Cette tendance semble poursuivie et amplifiée par le ministère puisqu’il entend faire de l’école un lieu de prise en charge et d’intervention médicales.

 

Va-t-on vers une transformation radicale de l'École et de ce que l’on attend d’elle ?

 

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Mieux accompagner les enfants et les familles

24-06-25 l'école n'est pas un hôpital.001.png

 

“Afin de diminuer les temps de déplacement et de simplifier la vie des familles et de leurs enfants, les conditions d'intervention des professionnels de santé libéraux (ergothérapeutes, masseurs-kinésithérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes, psychologues) dans les murs de l’école seront définies par voie réglementaire d’ici la fin de l’année. Au-delà des conditions de pratique professionnelle, il s'agira de prévoir la mise à disposition de salles et de matériels. Cette innovation fera de l’école le lieu principal de vie des élèves, qui n’auront pour la plupart plus besoin de se rendre ensuite chez un spécialiste.”

 

Pour le SNE, si cette solution peut théoriquement simplifier l’accompagnement des enfants et des familles, elle va poser des problèmes matériels insurmontables dans de nombreuses écoles. Nombreuses sont celles qui n’ont pas la possibilité d’accueillir des professionnels de santé au sein de leurs murs, faute de place. Pour peu que deux professionnels souhaitent partager le même créneau horaire, ce sera la quadrature du cercle pour les directeurs. Devront-ils gérer les emplois du temps des professionnels de santé qui interviendront sur leur école ? Ces professionnels estimeront-ils pouvoir travailler dans de bonnes conditions dans un milieu loin du calme de leurs cabinets ? Enfin, le ministère parle de mise à disposition de matériels. Qui va payer pour tout cela, les communes exsangues ou l'État moribond ? Le ministère parle de co-financement sans trop de précision, c’est dire la solidité du projet.

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Pour notre syndicat, cette intrusion toujours plus poussée du médical dans les écoles relève d’une erreur de paradigme. L’école n’est pas un lieu de soins. 

 

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Former pour s’adapter, un mantra pas une panacée

 

“L'amélioration de la qualité d'accompagnement passe également par la formation des équipes pédagogiques dans chaque circonscription en primaire et dans chaque établissement du secondaire, grâce à un grand plan de formation déployé dès la rentrée 2024 dans chaque académie. Il doit permettre aux équipes d'apprécier pleinement les enjeux de l’adaptation de la pédagogie et de comprendre les besoins des enfants en situation de handicap.”

 

Encore un plan de formation supplémentaire ? Après le plan français, le plan mathématiques, le plan pHARe, le plan laïcité, … mais qu’est-on en train de faire de la formation des enseignants ? Ces derniers sont-ils réellement encore acteurs de leur formation ou doivent-ils se contenter de subir ? Le SNE l’a dit et redit et nous continuerons à le marteler : une formation subie n’aboutira à rien.

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Ensuite, il est illusoire de penser que quelques heures permettront aux enseignants d’appréhender toutes les formes de handicap rencontrées aujourd’hui dans les écoles. A l’impossible, nul n’est tenu. Admettre aussi que certains handicaps sont trop lourds pour pouvoir être compensés ou pris en charge par un enseignant dans le cadre d’une classe “ordinaire”, avec ou sans l’aide d’un AESH, serait une évolution de pur bon sens que bien des collègues appellent de leurs vœux et que le SNE porte.

 

 

“Au sein des équipes pédagogiques ensuite, la présence de professeurs référents handicap et accessibilité permettra aux élèves handicapés d’avoir un interlocuteur privilégié. Ces référents pourront également répondre aux questions des parents et des familles, et faire le lien avec les autres professeurs de l’élève.”

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Concernant le premier degré, ces professeurs référents handicap auraient vocation à être affectés à une circonscription et non à une école. Notre syndicat s'interroge quant à la mission des actuels ERH  et à celle des futurs enseignants référents handicap et accessibilité. Où commencera la mission des uns et où s'arrêtera celle des autres? 

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Rapprocher les acteurs médico-sociaux de l’école

 

“Afin de permettre aux enfants en situation de handicap une scolarisation à l’école et dans de bonnes conditions, 100 structures médico-sociales seront intégrées au sein des écoles d’ici la fin du quinquennat. À la rentrée de septembre 2024, 10 projets pilotes d’ESMS dans les murs de l’école seront déployés.

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La mission confiée par le président de la République à Stéphane Haussoulier et Lucie Carrasco, dont les conclusions seront rendues avant l'été, a pour objectif de tracer des perspectives de mise en œuvre concrète.

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Investissement renforcé du médico-social dans les murs de l'École

Une série de mesures pour rendre tangible cette coopération :

  • Créer des espaces d’évolution et de répit dans les établissements scolaires ;

  • Établir le cadre d'intervention des professionnels ;

  • Permettre aux crédits médico-sociaux de cofinancer le bâti et l’équipement des établissements scolaires, sans se substituer aux collectivités locales”

 

Ces mesures vont-elles réellement améliorer la prise en charge des élèves porteurs de handicap ? Peut-être. Mais les inconnues sont encore très nombreuses. Ce qui est certain, c’est que de trop nombreuses situations de souffrance au travail liées à une inclusion subie, sont actuellement vécues par des équipes enseignantes délaissées. Le soutien de la hiérarchie est trop rare. Il arrive même que l’on culpabilise les équipes en cas de problème.

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Croire que tout peut être réglé en formant les enseignants relève d’une gageure trop répétée. Pour le SNE, estimer qu’introduire plus de médical à l’école est la solution aux maux qui découlent d’une inclusion effrénée est une erreur dont souffriront élèves et adultes. Notre syndicat estime néanmoins que faciliter l’accès aux soins est une excellente initiative. Mais à chacun son rôle.

 

L’Ecole de la République n’a pas vocation à se muer en hôpital.

POUR ALLER PLUS LOIN

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