ACTUALITÉS NATIONALES
17 septembre 2024
Des violences en tous sens à l’école
Les révélations de la semaine dernière sur l’enseignante parisienne qui adoptait un comportement inexcusable à l’encontre de son élève ont fait grand bruit. Cette collègue a été immédiatement livrée à la vindicte populaire, clouée au pilori et jugée par notre ministre démissionnaire avant toute enquête administrative ou judiciaire. Ce sont là des raccourcis faciles.
Le SNE condamne évidemment toute forme de violence. Notre syndicat pense aussi qu’il faudrait s’attacher à regarder lucidement ce qui se passe dans les écoles pour déterminer ce qui peut amener à de tels dérapages et y remédier. Il n’est peut-être pas encore trop tard…
Une violence institutionnelle à l’encontre des enseignants
Année après année, le climat se tend à l’école. La charge de travail demandée aux professeurs et aux AESH n’a cessé de croître. L’enseignement s’exerce dans un contexte toujours plus contraint, que ce soit dans la pédagogie à employer, dans les formations à suivre, dans l’obligation d’accueillir dans n’importe quelles conditions ou presque tout élève porteur de handicap, dans le fait de placer l’élève au cœur des apprentissages, dans l’importance croissante accordée aux parents…
La violence vient aussi du non-respect du contrat de travail par notre employeur. Les tâches annexes à la classe et à sa préparation ont explosé. On ne compte plus les réunions, dossiers à remplir, formations ajoutées à la formation qui font que les 108 H sont devenues une expression détestable qui signifie « a du temps disponible ».
Tout cela avec une rémunération qui demeure en berne malgré les revalorisations, surtout dans le 1er degré, une considération sociale déplorable, des mouvements bloqués et des perspectives de carrière réduites à peau de chagrin (en-dehors de la fonction d’enseignant). Tout cela mis bout à bout fait qu’il existe une violence institutionnelle à l’encontre des enseignants.
Le nombre croissant de burn-out ainsi que celui des demandes de ruptures conventionnelles qui s’ajoutent à celui des démissions témoignent bien du caractère de plus en plus insupportable du métier d’enseignant.
Pour le SNE, la dégradation des conditions de travail, la rémunération insuffisante, l’approche strictement comptable de la gestion des personnels sont des éléments sur lesquels il est indispensable d’agir. Enseigner nécessite un engagement de tous les instants, notamment dans le premier degré où les enseignants sont toute la journée au contact des élèves et des parents. Assurer aux enseignants une condition sociale confortable et des conditions de travail sereines rendrait ses lettres de noblesse et son attractivité à une profession qui souffre depuis trop longtemps au point que les enseignants d’aujourd’hui ne la conseillent plus à leurs enfants.
Une violence physique subie indéniable mais peu connue
Cette violence peut venir des parents d’élèves. Dans le 1er degré, c’est le cas de figure le plus fréquent. Il n’a rien d’anecdotique. En juillet dernier, une professeure des écoles a été violemment agressée sur Toulouse par une mère d’élève. Un mois plus tôt, en Normandie, un parent agressait des professeurs des écoles au point d’en être condamné à six mois de prison ferme.
Il serait opportun de relayer ces cas à grande échelle afin de montrer la réalité des choses, ainsi que le fait que la justice s’applique à toutes les personnes violentes : enseignants ou parents. Cela pourrait réfréner les ardeurs des uns et rassurer les autres.
La violence est parfois exercée par des élèves sur leurs enseignants, y compris en primaire. Mais elle est moins médiatisée. Qui a entendu parler de l’enseignante qui, en Avignon, a été frappée par deux élèves de primaire en mars dernier ? Qui sait que la semaine dernière un enfant de 12 ans a frappé sa maîtresse avant de retourner sa violence contre lui ? Ce dernier, pourtant déjà repéré comme ayant un comportement anormal, a cette fois été pris en charge et placé dans un établissement médicalisé.
Jusqu’à quand la situation va-t-elle empirer ? Faut-il lancer un me too dans l’Éducation nationale pour que cessent les violences ? Filmer la classe pour pouvoir faire remonter les réalités vécues en classe ? Le SNE ose espérer que de telles extrémités ne seront jamais nécessaires.
Le tableau dressé ici est volontairement noir. Fort heureusement la vie en classe n’est pas partout une succession d’actes de violence. Le SNE appelle toutefois à la lucidité. L’école n’a rien d’un monde idyllique. Elle reflète tellement la société que politiques et associations lui demandent de plus en plus d’en soigner les maux. Pour le SNE, il faut tout faire pour rendre sa sérénité à l’École, pour qu’enfants et adultes soient heureux d’aller y travailler, pour qu’elle conserve sa singularité, sa vocation première celle de la transmission de savoirs.