ACTUALITÉS NATIONALES
4 décembre 2024
Le mentorat, une solution pour aménager la fin de carrière des professeurs ?
Pourquoi parler du mentorat en 2024 ?
La situation
Malgré les manifestations enseignantes de 2023 pour alerter le gouvernement sur les complications qui pourraient émerger de l’allongement de carrière des professeurs des écoles, la sentence est là : les enseignants devront effectuer deux années supplémentaires et se verront dans l’obligation de partir après l’âge de 64 ans. Bon nombre devront travailler plus longtemps pour obtenir une pension raisonnable. Il est nécessaire d’agir aujourd’hui afin que l'Éducation nationale puisse apporter un cadre de travail bienveillant et approprié au personnel en fin de carrière.
Il fut un temps où les enseignants du premier degré, que l’on appelait instituteurs et institutrices, avaient le droit de prendre leur retraite à l’âge de 55 ans. Leur métier était jugé difficile. Il était alors légitime qu’ils bénéficient de ce repos bien mérité. C’était une époque où ce métier était considéré par le plus grand nombre. Il faisait bon enseigner. L’enseignant était une personnalité reconnue pour son savoir. Sa parole était respectée. On faisait confiance à ses compétences professionnelles.
Aujourd'hui, cette profession ne fait plus envie. Il manque 44 millions d’enseignants dans le monde (rapport 2023 de l’UNESCO).
Ce métier est assujetti aux problématiques exponentielles que nous connaissons tous : violences verbales et physiques, manque de respect à l’égard de la profession, accumulation des charges administratives, injonctions hiérarchiques stressantes, manque d’attractivité du métier, inclusions non raisonnées des élèves en situation de handicap (avec des équipes pédagogiques laissées trop souvent à l’abandon), problématiques auxquelles s’ajoute la santé qui devient fragile avec l’âge.
En 2015, dans son analyse publiée dans l’école des fondamentaux, le SNE a formulé 17 propositions, parmi lesquelles la numéro 8 : «Aménager les fins de carrière, en proposant après 55 ans, un service allégé, du soutien aux équipes ou de la formation aux jeunes collègues.»
Votre syndicat réfléchit en permanence aux solutions qui pourraient permettre aux enseignants, usés par le métier, de finir leur carrière dans les meilleures conditions possibles.
Le mentorat : une solution concrète et innovante pour l'Education nationale
Qu’est-ce que le mentorat ?
Le mentorat désigne une relation interpersonnelle d’accompagnement et de soutien basée sur l’apprentissage mutuel. Son objectif est de favoriser l’autonomie et le développement de la personne accompagnée en établissant des objectifs qui évoluent et s’adaptent en fonction des besoins spécifiques. *
Pourquoi faire du mentorat ?
Pour permettre aux enseignants novices de devenir plus rapidement performants dans leur classe.
Mettre en place des programmes de mentorat permettrait d’associer des enseignants chevronnés volontaires à de nouveaux enseignants et d’encourager la collaboration entre pairs.
Que faire aujourd’hui ?
Pourquoi ne pas utiliser les compétences acquises des enseignants afin de les soulager de la fatigue occasionnée par une classe de 20 à 30 élèves en proposant qu’ils mettent leur connaissance du terrain au service des jeunes enseignants, motivés, mais à qui il manque quelques clés pratiques ?
Cela pourrait permettre de valoriser ces personnels qui savent transmettre et qui ont des mines d’or de ressources pouvant être utiles aux nouveaux entrants.
Sur la base du volontariat, ces enseignants pourraient intervenir dans les facultés des sciences de l’éducation (FDE), dans des groupes de travail, en bénéficiant d’un temps partiel en classe.
Il serait grand temps de mettre en place un environnement de travail positif qui valorise l’apport des enseignants et qui propose la mise en place de programmes de mentorat.
C’est aussi ce que préconise l’UNESCO, dans ses recommandations d’octobre 2023, pour la revalorisation du métier qui manque d’attractivité. Ceci étant le résultat de plusieurs facteurs dont la non considération des compétences du personnel pédagogique proche de la retraite. Ces savoir-faire pourraient profiter aux jeunes professeurs et pourraient aider à redorer le blason des enseignants en fin de carrière. Cela pourrait éviter les démissions, les ruptures conventionnelles, les disponibilités et certains congés maladie.
Au SNE, nous sommes convaincus qu’il faut réfléchir à la situation du personnel en fin de carrière dont les compétences sont une richesse qu’il ne faut pas négliger, avec bien sûr des compensations et des reconnaissances appropriées.
*définition jeunes.gouv.fr