ACTUALITÉS NATIONALES
17 décembre 2024
Gavage programmé à l’année pour les directeurs
Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas, avec leurs agapes en perspective : foie gras, petits fours, champagne et autres dindes farcies nous font déjà saliver, mais attention aux lendemains qui déchantent avec une bonne migraine et l’estomac en vrac…
D’autant que pour les directeurs, les sources d’indigestion sont déjà nombreuses et ne se soignent pas à la bétaïne… Le matin au réveil, le ventre est souvent encore lourd des problèmes et sollicitations de la veille, mais les premiers symptômes surviennent surtout après ouverture de la messagerie académique, déjà bien encombrée de mails en tout genre.
Je ne sais pas pour vous, mais personnelement, j’en ai souvent la nausée : ici c’est la chocolaterie Obochoco qui vous propose des chocolats de Noël au meilleur prix, là c’est une fontaine à eau, ou encore une cafetière Caférapido, une voiture de location ou même des panneaux solaires. Facile de faire votre marché sans sortir de votre bureau : c’est Black Friday tous les jours !
Après, vous avez le cirque Machin, les marionnettes Kekets, le théâtre Olympique, le clown Gobby qui laissent à penser que l’école est un centre de loisirs permanent. Il faut dire qu’on a bien besoin de rigolade dans nos écoles, pour sûr !
Parmi ces messages tout aussi encombrants qu’inutiles, se glissent des mails du rectorat, de l’inspection académique, relayés par l’inspection départementale (pour enfoncer un peu le clou), qui vous invitent (fortement) à participer à la labellisation pHARe, à la labellisation E3D ou à la labellisation EAC, qui vous culpabilisent de ne pas avoir le temps de renvoyer les appels à projets pour bénéficier d’une subvention (qui vous aurait permis d’acheter la cafetière Caférapido citée plus haut) ou de n’avoir pas pensé à vos collègues le 13 janvier pour la journée de l’hypersensibilité, ou encore qui vous font perdre le sommeil pour savoir comment organiser la nuit de la lecture le 20 janvier.
Je plains sincèrement ces gens au rectorat ou à l’inspection académique qui passent leur temps à essayer de trouver de quoi occuper nos élèves : journée des droits de l’enfant, journée mondiale des DYS, journée du lavage des mains, journée internationale de l’abolition de l’esclavage, journée mondiale du sourire…Au final, chaque jour est une journée spéciale : c’est la fête tous les jours.
Nos employeurs réalisent-ils que cette surabondance de sollicitations est contreproductive ? Elle est toxique et contribue grandement au stress en raison du flot continu d’informations à gérer, à digérer, à trier, à partager. Elle participe largement au découragement et à la démobilisation par la multiplicité des objectifs à atteindre. Elle détourne les directeurs et leurs équipes de leur véritable métier. Et surtout, elle culpabilise en donnant l’impression qu’ils n’en font jamais assez.
Si l’on ne devait conserver qu’une seule journée, ce serait celle du 14 décembre : la journée mondiale de rien du tout!
NB : cet article n’a pas vocation à être lu en dehors des heures de service
Joyeuses fêtes de fin d’année !
Laurent Hoefman
Vice-président du SNE