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ACTUALITÉS NATIONALES

3 février 2025

EVARS : rien de nouveau et chacun son rôle

Éduquer à la vie affective et relationnelle et à la sexualité, tout un programme qui fait grand bruit actuellement dans l’Education nationale et dans la société. Son annonce en grandes pompes fait énormément réagir, mais peut-être pas pour les bonnes raisons…

 

 

Réinventer l’eau chaude en trois séances

 

Les objectifs annoncés par le ministère sont des plus ambitieux :

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  • Transmettre des valeurs fondamentales, telles que le respect de soi et des autres

  • Prévenir les discriminations

  • Promouvoir l’égalité entre les garçons et les filles et lutter contre les stéréotypes

  • Lutter contre les violences et le harcèlement en renforçant la capacité des enfants à demander de l’aide.

 

On parle ici d’enjeux éducatifs d’une importance majeure pour la construction des futurs adultes que sont les élèves. Mais est-ce bien nouveau? Dans la circulaire du 12 décembre 2018, on parlait déjà d’éducation à la sexualité à l’école primaire. Elle est d’ailleurs prévue par le code de l’éducation dans son article L312-16 depuis plus de vingt ans…

 

Pour ce qui est du contenu envisagé, force est de constater qu’il n’y a ici rien de révolutionnaire. Le sujet, parce qu’il évoque le sexe, donne matière à jaser sur les réseaux, dans les médias et…? Le thème est ce qu’il est mais, pour l’école primaire, rien ne change. Nous faisons en fait face à une pratique toujours plus répandue dans notre société, celle du coup de communication. Plutôt que de brasser de l’air, le ministère ferait mieux de laisser les enseignants travailler sereinement.

 

La vacuité du changement annoncé est soulignée par le ridicule du temps supposé lui être dédié. La politique volontariste et d’ambition mise en avant relève d’une telle importance que le ministère préconise que les enseignants y consacrent trois séances par an. Actuellement, seuls 15 % des élèves bénéficieraient des trois séances d’éducation à la sexualité*, ce qui peut paraître très insuffisant au regard de l’obligation qui nous est faite.

 

Le programme existant sur le sujet n’est donc presque pas mis en œuvre. Dès lors, quel crédit donner aux déclarations grandiloquentes sur l’EVARS ? Un sujet majeur expédié en une poignée d’heures ? Tout pédagogue qui se respecte connaît l’importance et les vertus de la répétition. La modalité envisagée discrédite toute l’ambition affichée. Le SNE entend l’émoi, mais, à moins de revenir en 2001, l’annonce de l’EVARS est un simple effet de manche. Pourtant, ce programme est révélateur d’un profond dysfonctionnement.

 

 

A chacun son rôle

 

À l’heure de la communauté éducative, chacun doit remplir son rôle, soutenir les autres. Un travail en bonne intelligence entre les parents et l’École est de mise pour s’assurer que les enfants grandissent et que les élèves progressent. C’est là que le bât blesse. Il existe d’indéniables écarts de vision entre certaines familles et l’école de la République sur la manière de se conduire, quand il ne s’agit pas purement de carences éducatives. Trop d’enfants sont aujourd’hui victimes de violences pour passer le sujet sous silence. Comment croire que l’École pourra redresser la barre toute seule ?

 

Ce programme donne l’impression que des pans entiers de l’éducation relèvent désormais exclusivement de l’École. La voilà, pauvre institution qui peine déjà à apprendre à lire et à écrire aux élèves, chargée d’éduquer encore un peu plus au lieu d’enseigner. À elle de réparer un autre des maux de notre société. En trois séances, bien sûr. Quelle efficacité !

 

Est-ce que le respect des autres n’a vocation à être distillé qu’à l’école? Est-ce que faire comprendre ce qu’est le consentement ne relève pas du tout des parents? Est-ce que les cours d’empathie sont à ce point un échec qu’il faut encore plus encourager les élèves à s’exprimer?

 

Faire société c’est effectivement accepter l’altérité, respecter autrui, comprendre ce que «non» et «oui» signifient, réaliser que notre liberté a pour limite celle des autres. Ces compétences, c’est bien aux familles de s’en saisir en premier et de les inculquer dès le plus jeune âge aux enfants. A l’école d’enfoncer le clou chez les élèves, selon les sensibilités du XXIème siècle, d’expliquer le pourquoi et les conséquences de ces règles, mais pas plus. À chacun son rôle.

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