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ACTUALITÉS NATIONALES

11 février 2025

Le professeur des écoles, un cadre aux allures d’employé

Le métier d’enseignant dans le premier degré connaît une mutation sans précédent depuis quelques années. Le volume de tâches périphériques à la classe et à sa préparation a littéralement explosé. Le temps de travail avec lui. La fatigue physique et la fatigue morale sont devenues les indéfectibles compagnes des enseignants du premier degré. L’une des raisons de cet état de fait vient du flou qui entoure l’exercice de cette profession.

 

 

Légalement, le professeur des écoles est un cadre
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Recruté par le biais d’un concours, le professeur des écoles est un cadre de catégorie A de la fonction publique. Comme tout cadre, il a une mission à remplir : faire la classe à ses élèves et s’assurer de leur réussite. Au professeur de s’organiser selon ses besoins, ses possibilités et son expérience pour y parvenir. Il remplit sa mission et peut être contrôlé sur ce point, c’est normal.

 

Si cela s’arrêtait là, la situation serait simple. Mais les PE, qu’ils soient adjoints ou directeurs, sont de plus en plus sollicités. Réunions, formations, dossiers et enquêtes se cumulent et mettent à mal les enseignants jusque dans leurs vies privées. L’administration et certains IEN empilent les demandes et se justifient en s’appuyant sur les obligations réglementaires de service, le cadre qui fait que les enseignants ne sont plus des cadres.

 

 

Les 108h ou la schizophrénie au quotidien

 

Lors du passage à la semaine de quatre jours avec maintien de la durée des vacances scolaires, les 108 heures ont été créées. Ce volant correspondait au temps que les professeurs des écoles ne passaient plus en classe.  Les politiques ont ainsi remodelé le temps de travail des enseignants. Un raisonnement entendable pour un employé qui vend pour un temps précis sa force de travail à son employeur, mais qui n’a aucun sens pour un cadre.

 

La boîte de Pandore est néanmoins ouverte. Depuis, les 108 heures sont devenues une source inépuisable de temps pour l’administration ou des IEN qui puisent là du temps, quitte à proposer de compenser sur d’autres heures. N’importe quel professeur des écoles sait que cela ne fonctionne pas ainsi dans la réalité. Ainsi, le temps annuel dévolu aux réunions avec les parents est intégralement consommé par la réunion de rentrée et la remise individuelle des résultats des évaluations annuelles. Sur quel quota prendre le temps de tous les autres rendez-vous ? Celui de la formation continue ? Officiellement de 18 h, il est souvent passé à 21 voire 24 heures par un autre jeu de passe-passe. Des IEN n’hésitent pas à convoquer les directeurs très régulièrement pour des formations, des réunions de directeurs et autres en arguant d’une dispense d’APC, des 108 heures, voire de la loi Rilhac.

 

Les professeurs des écoles sont donc des cadres qui doivent rendre compte de l’accomplissement de leur mission d’enseignement et d’un certain nombre d’heures dans un cadre dont les contours suivent les inflexions des désidératas de l’administration ou des IEN. Il y a de quoi devenir schizophrène. Il n’y a plus de cohérence dans les conditions de travail, ce qui fait que la moindre demande institutionnelle est vécue comme une agression et que la fonction d’enseignant du premier degré devient de plus en plus insupportable.

 

Il n’existe que deux solutions pour sortir de cette impasse :

 

- la suppression pure et simple des 108 heures. Il y a là un risque de voir les demandes institutionnelles exploser.

 

- le respect strict des 108 heures. Il implique qu’un relevé scrupuleux de ce temps de travail soit mis en place et que les heures supplémentaires effectuées soient dûment rémunérées. Une solution qui a la préférence du SNE et que nous avons suggérée à la ministre.

SNE courrier 108h février 2025.png
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