ACTUALITÉS NATIONALES
13 février 2025
A la bonne poche des enseignants !
En tant qu’enseignants du premier degré nous le savons bien, la frontière entre le professionnel et le personnel est souvent floue. On passe beaucoup de temps le mercredi ou le week-end à préparer sa classe, on collecte sans arrêt des objets de récupération qui pourront servir à l’école, on découpe, on plastifie … Tout ceci est connu et plus ou moins accepté par la plupart des enseignants. Il est en revanche plus surprenant de découvrir qu’une enquête récente révèle que plus de 90 % des enseignants du premier degré engagent d’importants fonds propres pour leur pratique professionnelle.
Le contexte de l’étude
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Devant le nombre d’enseignants ayant déclaré que les ressources numériques étaient achetées sur leurs propres deniers, une société spécialisée en création d’outils numériques a lancé, courant 2024, une étude via leurs réseaux sociaux, afin de savoir ce qu’il en était réellement. Il y a eu environ 2 000 réponses d’enseignants du premier degré.
Des constats sidérants
90 % des enseignants du premier degré déclarent acheter du matériel (numérique ou autre) sur leurs fonds propres. Seuls 25 répondants ont déclaré que leurs dotations étaient suffisantes.
Ce seul résultat démontre à quel point l’école est délaissée. Pourquoi donner plus d’ailleurs, puisque les enseignants du premier degré, bien qu’étant les moins bien rémunérés de France, mettent la main à la poche sans rien dire ? Dans quelle entreprise demande-t-on aux employés de financer leurs outils de travail ?
La dépense complémentaire par enseignant se situe aux alentours de 300 € par année scolaire. 17 % des personnes sondées affirment même dépenser plus de 500 € par an.
Environ 5% des collègues affirment que, par le passé, ils dépensaient de l’argent pour pouvoir fonctionner comme ils le souhaitaient mais qu’ils ont cessé de le faire, se contentant de leurs dotations.
Une position que le SNE comprend et soutient. Les communes votent les dotations aux écoles. Si les élus ne jugent pas bon d’investir plus dans l’avenir de leurs propres enfants, pourquoi les suppléer ?
Il y a une inégalité de fonctionnement d’une commune à une autre et même d’une école à une autre, selon l’usage qui est fait de la coopérative scolaire. Cette inégalité est un fait. Que des collègues se sentent obligés de remédier à ce qu’ils estiment être des carences en dépensant leur argent personnel devrait questionner les élus et les parents d’élèves.
Les solutions proposées par les auteurs de l’étude
Les auteurs de l’étude souhaiteraient qu’une enveloppe soit dédiée à chaque enseignant, pour pouvoir effectuer des achats complémentaires. La somme nécessaire est estimée à environ 30 € par élève et par année scolaire, somme qui peut sembler dérisoire face aux 7 000 € par an que coûte un élève à l’Etat français.
L’étude laisse également penser que la souplesse devrait être de mise (possibilité d’acheter où l’on veut et de se faire rembourser directement par son établissement). Par ailleurs, des collègues souhaiteraient pouvoir déduire les fonds propres engagés sous forme de dons ou bénéficier d’une exonération de TVA sur ces achats destinés à leurs élèves. Il est à noter que la possibilité de déduire ces achats de ses impôts existe si l’on est aux frais réels.
Pour le SNE, le fait que des enseignants engagent des fonds propres à un niveau aussi élevé que celui mentionné par cette étude est anormal, surtout lorsqu’on connaît la faiblesse de la rémunération d’un enseignant français par rapport à d’autres pays de l’OCDE.
Cette étude a le mérite de quantifier un phénomène que nous connaissons pourtant tous. Comme on peut le voir, les solutions proposées doivent être opérationnelles et simples pour pouvoir se concrétiser. Parmi celles-ci, certaines pourraient voir le jour rapidement car elles ne créeraient pas d’importants changements. Soulignons enfin que de nombreux mandataires de coopératives scolaires fonctionnent en utilisant des régies d’avance, permettant de la souplesse dans les achats au courant de l’année scolaire, à condition de tenir à jour une comptabilité retournée en fin d’année. Cette formule peut être une solution gagnant/gagnant pour effectuer certains petits achats. Elle responsabilise les collègues tout en leur donnant de la liberté.
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