ACTUALITÉS NATIONALES
3 avril 2025
Les autorisations d’absence:
les insupportables nécessités de service
Marie, professeur des écoles depuis une vingtaine d'années, vient de perdre sa cousine dans un tragique accident de voiture. Les deux femmes étaient très proches puisqu’elles avaient grandi ensemble. De plus, Marie étant fille unique, sa cousine était pour elle comme une sœur. Marie demande une autorisation d’absence qui lui est refusée pour «nécessités de service»…
Qui d’entre nous n’a pas été ou ne sera pas, un jour, confronté à une telle situation ? Leur traitement par l’administration peut paraître inhumain. Le plus souvent, si les demandes d’autorisation d’absence à caractère facultatif paraissent justifiées et/ou sensées, les IEN donnent leur accord, mais ce n’est pas systématique.

Pour le SNE, il est indispensable de faire bouger les lignes en matière d’autorisations d’absence.
D’après la définition de nos obligations de services et des congés qui nous sont accordés, les enseignants n’ont aucune possibilité «de contournement» de leurs absences sans traitement : pas de jours RTT, pas de jours de congés à déposer ponctuellement, pas «d’arrangement» interne pour rattraper ces jours d’absences, contrairement à ce qu’il en est dans la très grande majorité des entreprises publiques ou privées.
Ce n’est pas pour autant une situation inébranlable.
Que disent les textes ?
Les autorisations d’absence s’appuient sur un arsenal de textes, parfois flous ou qui peuvent prêter à interprétation. L’essentiel peut être trouvé dans le BO du 16 mars 2017 ou dans ce tableau de synthèse.
Une chose est frappante : les absences, même de droit, sont presque toutes soumises «aux nécessités de service». De droit ne signifie donc pas imposable à l’employeur, c’est là que le bât blesse en premier lieu.
La difficulté, pour nos IEN, réside dans l’antagonisme entre «l’esprit et la lettre de la loi». Pour notre syndicat les choses doivent être plus claires. Le refus ou l’acceptation d’une demande d’autorisation d’absence ne devrait dépendre ni de vos relations avec votre supérieur hiérarchique, ni de son interprétation des textes.
En second lieu, une actualisation des possibilités de demander une absence est nécessaire. Les modes de vie, les modèles familiaux ont évolué. Les familles recomposées sont de plus en plus nombreuses, ainsi que les parents isolés. La dimension humaine des agents n’est plus que partiellement prise en compte. C’est pourquoi le SNE pense que les possibilités de demande d’absence doivent évoluer pour mieux prendre en considération la réalité du quotidien des agents.
Ce que demande le SNE :
Notre syndicat a, de tout temps, souhaité que l’humain soit placé au cœur du système. Aussi, nous demandons que le bon sens guide la prise de décisions face aux demandes d’autorisation d’absence.
Il nous semble donc juste et cohérent que :
-
Les «nécessités de service» soient levées pour toute demande d’autorisation d’absence de droit
Ce principe de bon sens règlerait de nombreuses situations problématiques. La nécessité de service permet aujourd’hui de refuser n’importe quelle demande d’autorisation d’absence. Une absence de droit, pour être vraiment de droit, devrait être opposable à l’administration.
-
Les demandes d’autorisation d’absence soient systématiquement considérées comme étant de droit lorsque l’agent n’a pas le choix de s’absenter
Par exemple, de nombreuses consultations chez un médecin spécialiste ne peuvent plus se faire le mercredi ou le week-end. Ainsi, les collègues sont très souvent contraints de demander des autorisations d’absence pour consulter un spécialiste (consultation qui ne se fait pas pour le plaisir). Il serait indispensable que les enseignants soient sereins, notamment dans le domaine du suivi de leur santé, sans avoir à culpabiliser de devoir annuler un rendez-vous pris souvent longtemps à l’avance. Une telle mesure atténuerait un petit peu les effets de l’absence de suivi par la médecine du travail dans nos professions.
-
Les demandes d’autorisation d’absence deviennent de droit pour le décès de proches (ascendants, descendants, fratries, conjoint)
Il est aujourd’hui profondément anormal que, pour dire adieu aux membres proches de sa famille, on risque d’essuyer un refus de la part de sa hiérarchie. Il faut que ces demandes d’autorisation d’absence soient accordées de droit car un tel manque d’humanité est inacceptable.
-
La possibilité de participer aux obsèques d’un proche (cousin, ami, voisin, …) soit offerte
Dans des circonstances où le deuil frappe, les professeurs des écoles sont en plus frappés d’un légitime sentiment d’injustice, lorsque l’administration leur refuse, même sans traitement, de se rendre à des obsèques.
-
Le versement du traitement soit séparé du maintien de l’Ancienneté Générale de Services (AGS)
Aujourd’hui, lorsqu’une autorisation d’absence est accordée sans traitement, l’agent perd une journée d’AGS (ce qui peut le pénaliser pour le mouvement ou pour les promotions). En dissociant le calcul de l’AGS du versement du traitement, un collègue ayant été autorisé à s’absenter (déjà privé de traitement), ne se verrait pas pénalisé une nouvelle fois.
A l’heure où l’Education nationale demande beaucoup à ses agents - comme s’adapter obligatoirement à tous les profils d’élèves avec ou sans aide en classe en vertu de l’école inclusive, accueillir en surnombre les élèves de collègues absents non remplacés, visionner «sur la base du volontariat» des webinaires multiples et variés en soirée ou le mercredi, «encaisser» des insultes et parfois des coups de la part de parents survoltés, … - il est indispensable qu’elle évolue elle-même !
Cette Institution, qui demande à ses agents de se moderniser dans leur façon de travailler à la suite d’une énième réforme de l’enseignement, se doit de nous montrer sa capacité à s’adapter et à répondre aux nécessités humaines de ceux qui la servent.
