ACTUALITÉS NATIONALES
5 avril 2018
Une direction entre le marteau et l'enclume
« Le SNE et la direction d’école » (épisode 2/3)
Le constat est partagé par l’ensemble des directeurs : les conditions de travail sont devenues insupportables, et notamment pour ceux – c’est- à dire la plupart - qui ont charge de classe…
Le problème, c’est que cet état de fait était déjà de mise à l’aube des années 2000, et que depuis, peu de choses ont changé : une revalorisation de l’ISS (qui reste très chiche au final), et une augmentation parcimonieuse du volume de décharge pour certaines catégories de directeurs. C’est tout.
On est en droit de s’interroger: alors que tout le monde s’accorde sur l’importance du directeur pour le bon fonctionnement d’une école et du service public, les années se succèdent sans que rien ne change vraiment sur le fond. Quel DRH laisserait son personnel dans un tel désarroi dans une entreprise privée ?
Des directeurs minoritaires parmi les PE
La direction est en effet un sujet sensible, et il ne faut pas oublier que les directeurs ne sont que des enseignants chargés d’école ; ils sont donc minoritaires parmi les PE, puisque seul 1 PE sur 5 est directeur.
Aussi, en prenant des décisions qui iraient dans le sens des directeurs, nos dirigeants pourraient s’attirer les foudres des 4/5 des PE, c’est-à dire des adjoints…Plusieurs syndicats l’ont d’ailleurs bien compris, et font tout pour maintenir le statu quo correspondant à une école d’un autre temps où tout va pour le mieux, et dans laquelle tous les collègues ont envie de travailler de concert et de multiplier les temps de réunion.
On est en 2018 ! Il serait temps de s’apercevoir que le monde a changé, que l’école ne fonctionne plus comme du temps de grand papa !
C’est « mon » école !
L’autre difficulté est d’ordre affectif : les mots d’ordre de grève ou de blocage administratif sont trop peu suivis par les collègues directeurs. La raison en est bien simple : lorsqu’on choisit ce métier (car c’est bien un métier !), c’est bien souvent parce que l’on a envie de bien faire, de motiver, de fédérer, d’instaurer confiance et respect avec les partenaires de l’école.
Aussi, faire la grève administrative, c’est risquer de se mettre en port-à faux vis-à vis de nos convictions ; c’est risquer de détricoter ce qu’on a eu du mal à construire, la confiance, l’autorité de compétence, le relationnel avec les familles, avec les collègues, avec la municipalité, avec les élèves.
Ne pas renvoyer ses prévisions d’effectifs, c’est faire courir le risque d’une fermeture de classe ; ne pas renseigner Affelnet, c’est faire courir le risque à un élève de ne pas avoir l’affectation souhaitée en 6e ; ne pas compléter le PPMS, c’est faire courir le risque d’un accident majeur non anticipé, boycotter les élections de parents, c’est ….etc, etc.
Les exemples sont nombreux, et témoignent de l’engagement quotidien des directeurs pour maintenir cet équilibre précaire, et pour lequel ils y mettent du temps, de la sueur…et même des larmes parfois.
Faut-il pour autant se résigner et ne rien faire ?
Bien sûr que non, et le SNE œuvre dans ce sens : conscient que les directeurs sont pris en tenaille entre les exigences de leur métier et l’envie de tout envoyer promener, le SNE a toujours défendu cette position responsable des directeurs, auxquels il faut donner les moyens d’effectuer correctement et sereinement leurs missions.
Du temps, un secrétariat pérenne, des missions clarifiées.
C’est le sens de notre démarche auprès du Ministère depuis l’arrivée de JM Blanquer en mai dernier. Depuis plus de 20 ans, le SNE est le défenseur des directeurs. Nous n’avons jamais été si proches du but, mais il faut à présent concrétiser en faisant trembler les filets.
En savoir plus : "Préférez l'orginial à la copie" (Le SNE et la direction d'école 1/3).
Laurent Hoefman
Secrétaire Général aux publications
Suite à l'épisode 3/3 : les propositions du SNE pour la direction d'école