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ACTUALITÉS NATIONALES

2 octobre 2018

Direction d'école : un statu quo impossible

Quelques chiffres

 

Il y a en 2018 environ 45 000 écoles en France, et autant de directeurs. C’est beaucoup plus que chez nos voisins européens à population équivalente, pour des raisons historiques mais aussi liées à la géographie.

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Sur ce total, 4000 sont des écoles à classe unique et près de la moitié (22 000) comptent moins de 5 classes.

 

A l’opposé, seules 4500 écoles comptent 10 classes et plus, soit 10%.

Une direction exsangue

 

La mission flash sur la direction d’école dresse un constat alarmant de la situation sur le terrain. Les audiences successives auprès des différentes organisations (auxquelles le SNE a participé) ont bien sûr confirmé l’urgence de prendre le problème à bras le corps.

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La situation juridique actuelle des directeurs fait d’eux des équilibristes permanents, obligés de compenser leur manque d’autorité légitime par une autorité de compétence basée sur l’expérience ou sur des qualités propres à chaque individu, et surtout, par une débauche de temps et d’énergie qui a dépassé les limites du supportable.

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Car, bien que privés d’un cadre législatif satisfaisant, les directeurs ont énormément de responsabilités, des responsabilités dont l’éventail a explosé ces dernières années.

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Avis du SNE

Le SNE approuve le constat et précise que la disparition des contrats aidés (EVS de direction), a précipité le métier dans un marasme jamais atteint.

 

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Le rapport de la mission classe les très nombreuses tâches des directeurs en 6 missions principales :

- pilotage pédagogique

- suivi des élèves

- relations avec les parents

- relations avec les partenaires (mairies, associations…)

- administration, gestion et sécurité

- vie quotidienne de l’école

 

Avis du SNE

Les directeurs savent que certains jours, le seul dernier point (vie quotidienne) leur prend tout leur temps, entre élèves malades, conflits entre élèves à régler, photocopieuse ou internet en panne, collègue non remplacé…etc.

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Certains collèges à effectif comparable disposent par ailleurs de nombreux personnels pour les mêmes missions, et bénéficient également d’une autonomie financière.

 

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Que propose le rapport ?

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1. Soulager les directeurs dans leur charge de travail

  • En augmentant les décharges

  • En octroyant des aides administratives

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2. Revaloriser la fonction par la création d’un statut

  • Statut particulier proche des personnels de direction du 2e degré

  • Ne garder que des écoles primaires

  • Mettre les petites écoles en réseau avec le collège

 

Avis du SNE

Temps, moyens humains, reconnaissance : le SNE approuve… mais en épluchant le rapport en détails, on a vite fait de déchanter.

 

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L’augmentation des décharges

 

Les directeurs des écoles de 5 à 9 classes auraient ½ décharge, et les directeurs des écoles de 10 classes et plus seraient totalement déchargés.

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Avis du SNE

Bonne nouvelle, si c’était mis en place, ce serait une réelle avancée, très proche des revendications du SNE à ce niveau.

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Mais quid des directeurs des petites écoles ? Le SNE ne peut accepter que la moitié des directeurs ne puisse bénéficier des aménagements proposés. Les directeurs des écoles de moins de 4 classes n’ont pour ainsi dire pas de décharge, leur situation doit également évoluer.

 

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L'octroi des aides administratives

 

D’une part, ces aides ne seraient pas systématiques, et seraient données en priorité aux directeurs qui ne sont pas déchargés. Le rapport précisant que ces aides ne doivent pas trop peser dans les dépenses publiques, les pistes envisagées sont limitées (mutualisation avec secrétaires de circo ou du collège, personnel municipal, apprentis…)

 

Avis du SNE

Au SNE, on n’est pas d’accord : toutes les écoles ont besoin d’un secrétariat pérenne, comme il en existe dans les collèges. Les missions administratives, de sécurité et d’accueil nécessitent la présence d’une personne dévolue exclusivement à ces tâches.

 

Attention également à ne pas créer des différences de traitement des écoles selon la richesse ou le bon vouloir des communes (et de reproduire les erreurs commises avec la mise en place de la semaine de 4,5 jours, erreurs que le SNE avait largement anticipées).

 

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La revalorisation de la fonction par la création d’un statut

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En voilà une bonne idée : la re-con-nais-sance. Depuis le temps que les directeurs l’attendent, ils ne l’espéraient plus. (cf : sondage Ifop 2006 où 93% des directeurs réclamaient un statut).

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Mais en y regardant de plus près, le cadeau est trompeur, car ce statut et cette revalorisation ne concerneraient que les directeurs des écoles à 10 classes et plus, soit 10% des directeurs  à ce jour !

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Le rapport précise qu’il suffira de postuler pour une plus grosse école dans ce cas, et qu’il sera possible d’accéder à ce corps soit par concours, soit par une validation des acquis (VAE).

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Avis du SNE

Pour le SNE c’est inacceptable, car cela revient à laisser pour compte l’immense majorité des personnels, alors que tous attendent une évolution et une reconnaissance.

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La suppression des écoles maternelles et élémentaires pour ne garder que des écoles primaires

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Il s’agirait de regrouper, de fusionner des écoles pour que celles-ci atteignent le seuil des 5 classes pour bénéficier de la ½ décharge. La scolarité rendue obligatoire à 3 ans à partir de 2019 est l’argument retenu pour que toutes les écoles deviennent désormais des « écoles primaires ».

 

Avis du SNE

Au SNE, on a bien conscience que ce ne sera pas possible partout, notamment dans les territoires ruraux. Dans le cas où des fusions seraient possibles, elles devront se faire après des négociations avec les principaux intéressés, et selon des accords locaux.

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Il n’est pas acceptable pour le SNE que des directeurs se retrouvent évincés de leur poste suite à ces fusions ou regroupements.

 

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La mise en réseau des petites écoles avec le collège de secteur

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L’idée est de mutualiser les moyens, comme le secrétariat ou l’usage des locaux. En termes pédagogiques, cela permettrait de développer les liens entre directeurs d’écoles et principaux de collège, de mettre en place des enseignements communs ou des interventions croisées.

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Avis du SNE

Le SNE ne veut pas de cette solution fumeuse, qui n’est pas la réponse attendue.

 

Les conseils école/collège sont un fiasco et n’apportent que du travail supplémentaire. Hors de question de dépendre du bon vouloir d’un principal. D’autres raisons pratiques, comme l’éloignement géographique, ne permettront pas de toute façon cette mutualisation.

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Le SNE le répète : il ne souhaite pas la mise en place de l’école du socle, même de façon déguisée.

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La conclusion du SNE

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Le SNE confirme que le statu quo n’est plus possible ; il est donc favorable à une évolution qui permette aux directeurs de mieux assurer leurs missions, qui rendent ceux-ci plus disponibles envers leurs équipes, leurs parents d’élèves et les différents partenaires ; un climat scolaire apaisé aurait pour corollaire l’amélioration des résultats des élèves.

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Pour autant, le SNE réclame une évolution pour tous les directeurs, et pas seulement ceux des grosses structures, en termes de temps et de moyens.

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Le SNE n’accepte pas une direction à plusieurs vitesses, où seuls les directeurs des grosses structures (moins de 10% des écoles) bénéficieraient d’une évolution statutaire.

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Cette évolution pourrait s’envisager par la création d’une grille indiciaire spécifique, pourquoi pas indexée sur la taille des écoles, et qui permettrait à chacune et chacun d’obtenir la reconnaissance méritée.

Laurent Hoefman

secrétaire général aux publications SNE

 

Pour en savoir plus :

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