ACTUALITÉS NATIONALES
29 janvier 2019
Classes dédoublées : panacée ou miroir aux alouettes ?
Nous le savons tous
Le nombre d'élèves dans une classe est un facteur premier dans la possibilité que nous avons ou pas de faire travailler et progresser correctement nos élèves. Les résultats des élèves des CP à 12 publiés la semaine dernière le confirment. Ils réussissent mieux que leurs homologues des classes non dédoublées. Cette amélioration a été relevée par le service de statistiques du ministère (DEPP) sur un échantillon de 15 000 élèves. Le ministère note parmi eux une "baisse de la proportion d'enfants en très grande difficulté" en français comme en mathématiques.
Les enseignants concernés par le dispositif se disent presque unanimement satisfaits. Travaillant dans de meilleures conditions, les collègues se sentent mieux. Ils sont ainsi plus sereins et plus efficaces.
Le SNE constate donc que sa proposition de 2016 d'allègement des effectifs en CP (Lire l’École des fondamentaux) est pertinente tant pour les enseignants que pour leurs élèves. Le bien-être au travail est un facteur de réussite pour tous.
Le SNE défend cette position depuis longtemps. Le médiateur de la République avait en son temps souligné lui aussi l'importance du bien-être des enseignants pour la réussite de leurs élèves.
Après l'épreuve des faits, généraliser le dispositif de dédoublement semble donc une bonne idée. Le SNE la défend. Mais pas n'importe comment.
Prendre soin de tous
Il ne faudrait pas, sous couvert de changement au CP, négliger les autres classes. En effet, certaines écoles voient déjà, en échange de leurs CP à 12, se profiler des classes de cycle III particulièrement chargées. Ces nouvelles conditions de travail, plus dures qu'aujourd'hui, pourraient-elles réduire à néant les effets originels du dispositif ? Comment vivront les équipes avec des enseignants "favorisés" et d'autres en "bêtes de somme" ?
La priorité donnée au primaire ne peut s'accommoder de choix appliqués à l'emporte-pièce. Elle doit concerner tout le primaire.
C'est pourquoi le SNE s'appliquera à rappeler au ministère les effets subsidiaires négatifs que peuvent avoir les dédoublements sur l'ensemble des collègues des écoles et s'évertuera à les voir minimiser.
Philippe Ratinet
Secrétaire académique Lyon