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ACTUALITÉS NATIONALES

09 décembre 2019

Le PIAL, nécessaire ou pas ?

Le PIAL est un dispositif nouveau. Plus encore, le PIAL est supposé être l’outil qui permet une inclusion rapide et efficace en anticipant les besoins plutôt qu’en y répondant. L’idée est politiquement correcte, voire louable. La réalité du terrain nous révèle, sans surprise, que la mariée est un peu trop belle...

 

 

Un lancement timide

 

Il en va du PIAL comme pour beaucoup d’autres procédures, pour le lancer, rien de tel qu’une bonne réunion. Ceci, quand on a de la «chance», en effet, dans certains départements, elles n’ont même pas été organisées à ce jour. Les heureux participants en auront apprécié toute l’amertume. L’avez-vous goûtée, vous aussi ?

 

Dans le meilleur des cas, tout est en place. Des documents locaux et ministériels ont été remis.

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Dans le pire, cette énième réunion de l’année n’a pas servi à grand-chose, voire à rien du tout. Elle s’est évidemment déroulée sur un temps non payé, imposé. Elle a donc été gracieusement animée par les directeurs et directrices d’école. Bien sûr, pour éviter d’aborder les difficultés concrètes, la réunion a tourné autour d’une seule question : « Quelles sont les réussites d’inclusion dans vos classes ?».

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Présentée ainsi, l’inclusion, c’est magique ! Les participants sont ressortis avec une impression de déjà vu. Ils ont entendu parler de mieux inclure, de mieux coordonner les actions, de mieux partir des besoins des élèves. Mais ils ne savent toujours pas exactement comment.

 

Hormis le meilleur des cas, une question plane encore : à quoi ça sert, le PIAL ??

 

 

La promesse d’un quotidien alourdi

 

Après la fameuse réunion initiale, on sait qu’un directeur a été nommé pour réaliser les emplois du temps des AESH (déjà faits par les directeurs d’école, soit dit en passant). On sait aussi qu’on lui donne un jour de décharge par semaine pour cela. Cet avantage n’existe pas dans tous les départements. Ledit directeur devra donc contacter les écoles pour « faire le point » sur la situation de handicap des élèves. Voilà encore un peu de blabla sur le blabla existant pour au final obtenir encore du blabla et se retrouver à faire encore plus les éducateurs spécialisés dans les écoles car, évidemment, les outils et préconisations (s’il y en a !) devront être déployés par les enseignants eux-mêmes.

 

Les enseignants vont donc se retrouver davantage à faire le portier pour ouvrir aux taxis qui viennent chercher les élèves pour les RDV au CMPP, à l’orthophoniste, ou pour accueillir le personnel spécialisé dans les classes... Voyons voir de 10h à 11h les mardis pour Typhaine, de 9h à 10h les jeudis pour Marc puis de 15h à 16h pour Asmina les vendredis, de 11h à 12h les lundis pour Sami, de.... Bref, de quoi perdre encore plus la tête.

 

On n’oublie pas bien sûr tous les documents à produire pour bien différencier, car nous avons tous pour objectif d’inclure le mieux possible.

 

Dans l’instant, le PIAL semble donc être une coquille presque vide qui enjoint aux enseignants d’être plus disponibles, de rendre encore des comptes, de suivre encore plus de procédures, de prendre en charge encore plus de difficultés spécifiques et, pour cela, de construire eux-mêmes les outils dont ils auront besoin.

 

Une telle logique de fonctionnement n’est pas celle de notre syndicat.

 

 

Les propositions du SNE

 

Le préalable indispensable est de partir de l’idée suivante :

 

Une inclusion réussie est une inclusion réalisée au bénéfice du particulier sans préjudice au collectif.

 

Dès lors, notre syndicat propose un certain nombre de mesures :

 

- Prévoir une classe de perfectionnement par secteur géographique, regroupant des élèves à besoins spécifiques, avec inclusion ponctuelle dans des classes ordinaires, au rythme des réussites, jusqu’à inclusion complète si cela est possible,

 

- Prévoir, pour les élèves qui peuvent être inclus à temps plein dans une classe ordinaire (c’est-à-dire ayant un comportement adapté et les compétences attendues), des classes allégées, avec un maximum de 15 élèves, pour garantir l’excellence académique. En effet, les autres élèves n’ont pas à pâtir de la situation de handicap d’un autre élève. Le cas contraire conduirait forcément à une inclusion mal vécue et donc à un échec,

 

- Former les AESH à la situation de handicap de l’élève concerné,

 

- Supprimer les cycles pour redonner leur place aux enseignants spécialisés (maîtres E et G)

 

- Prévoir des places dans les IME et les hôpitaux pour les élèves ayant des besoins médicaux particuliers, car nous ne sommes pas des infirmiers !

 

Pour en savoir plus, consultez notre dossier sur l’inclusion.

 

Élodie Rougier

Déléguée SNE87

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