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ACTUALITÉS NATIONALES

10 Février 2020

Coup de froid sur la revalorisation

Les premières mesures envisagées déçoivent

Vendredi 07/02, le SNE était présent au ministère pour la réunion d’étape dans le cadre de la concertation autour du prochain régime des retraites. L’annonce première en matière de budget est tenue : 500 millions sont sur la table pour 2021. Ils seront employés dès le 1er janvier.

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Il nous a également été confirmé la progression en escalier de l’augmentation budgétaire prévue, sur plusieurs années. Nous ne nous étions donc pas trompés sur l’ampleur du budget prévu.

 

Mais le nombre de chantiers lancés est colossal. C’est pourquoi, lors des précédentes réunions, le SNE a défendu et défend aujourd'hui encore une mesure symbolique forte et immédiate en faveur des enseignants du 1er degré. Revaloriser pour insuffler de la confiance.

 

Lors de cette réunion, ce sont quatre mesures pour 2021 qui nous ont été présentées, soit 500 millions partagés pour des effets très dilués...

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L’attractivité plutôt que la revalorisation

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Selon le ministère, la majorité des 500 millions (reste à savoir combien) serait attribuée à une indemnité dite « d’attractivité », même si cela n’a pas été annoncé de cette façon. Celle-ci concernerait les enseignants du 1er et du 2nd degré dans la classe normale.

 

Quatre scénarios estimatifs et provisoires nous ont été présentés pour cette indemnité. La même somme est distribuée à chaque fois de manière dégressive du 2nd au 5ème échelon, voire jusqu’au 11ème échelon selon le cas envisagé.

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Si cette indemnité venait à être distribuée jusqu’au 11ème échelon, son montant ne serait vite plus que peau de chagrin. Il serait de l’ordre de 171 euros net par an pour les collègues entre le 8e et le 11e échelon. Une presque-aumône idéale pour fâcher encore un peu plus des collègues déjà exaspérés par leur rémunération.

 

Une différenciation en faveur du premier degré est prévue dans 3 des 4 solutions, mais elle est assez symbolique (100€ brut annuels supplémentaires par rapport à un certifié dans le meilleur des cas).

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Cette différenciation ne fait pas l’unanimité parmi les OS. Le SNE, seul syndicat exclusivement dédié au 1er degré à participer à ces négociations, regrette tout particulièrement l’attitude d’une autre organisation syndicale présente ce jour. Celle-ci ose prétendre défendre tous les enseignants et a pourtant déclaré « ne pas vouloir réduire l’écart de rémunération qui existe entre professeurs des écoles et professeurs certifiés ». Pour le SNE, aujourd’hui, cet écart ne se justifie plus.

 

Pour notre syndicat, comme pour les collègues titulaires, commencer par relancer l’attractivité du métier n’est pas LA priorité. Le SNE a ouvertement critiqué cette entrée. Nous avons insisté sur le besoin urgent de reconnaissance de tous les enseignants en poste. C’est vers eux qu’il faudrait faire le premier effort.

 

 

Vers des promotions accélérées ?

 

Le gouvernement entend, dans la droite ligne de la mise en place des accords PPCR, augmenter le taux de promotion à la hors classe dans le premier degré (ndlr : qui sera de 17% cette année, comme dans le second degré). Cette mesure a vocation à toucher tous les collègues. Le SNE l’avait revendiquée.

 

Nous déplorons par contre qu’aucune réponse n’ait été apportée à la question de la prise en compte de l’ancienneté générale de service au lieu de l’ancienneté dans le corps afin de permettre un accès plus facile à la hors classe aux anciens instituteurs.

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Une formation à toute force

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Une partie des 500 millions sera allouée aux enseignées contraints de suivre des formations sur le temps des vacances scolaires. « Il faut bien faire vivre le dispositif » a annoncé le ministère.

 

Le SNE a rappelé avec vigueur son opposition au caractère obligatoire de ces temps de formation pendant les congés. C’est bien sûr de temps de travail qu’il s’agit. Nous devrions donc recevoir nos formations sur notre temps « face élèves ».

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Nous l’avons déjà dit, chacun doit avoir la main sur ses choix de vie. Certains collègues préféreront garder leur temps de vacances plutôt que de gagner davantage. C’est une autre mauvaise entrée qui est retenue ici…

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L’amélioration de la qualité du service public

 

Il s’agit ici d’utiliser une partie des 500 millions prévus pour 2021 pour financer les remplacements des absences courtes dans le 2nd degré, par le biais d’heures supplémentaires.

 

Et pour le 1er degré ? Avec 83 % des remplacements assurés, on peut faire mieux a concédé notre DGRH. Mais rien n’est prévu pour y remédier.

 

Le SNE a souligné d’une part, l’impossibilité d’effectuer des heures supplémentaires dans le premier degré, et d’autre part, que la question des absences devrait être traitée en amont et non pas en aval.

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Pour notre syndicat, il vaudrait mieux se prémunir contre les possibilités d’absences. Par exemple, en aménageant les fins de carrière, on améliorerait les conditions de travail, ce qui diminuerait certainement le nombre d’absences.

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Une déglutition difficile

 

Le SNE est ressorti frustré et interloqué. À la froideur purement comptable des premières pistes de revalorisation s’ajoute l’incertitude sur l’avenir. Aucune information n’a été communiquée pour 2022 et les années suivantes. C’est bien là que le bât blesse.

En l’absence d’informations concrètes sur un projet à long terme, c’est comme si tout était fait pour ouvrir la porte aux supputations les plus pessimistes.

 

Le besoin de reconnaissance des collègues en poste n’est pas pris en compte. Il n’y a rien sur la reconnaissance des tâches invisibles, rien à se mettre sous la dent dès lors que l’on est dans la 2e moitié de la carrière ou en hors classe, rien sur les aménagements de fin de carrière ni sur l’amélioration de la qualité de vie au travail.

 

Et surtout, et c’est bien le pire : aucune mesure spécifique privilégiant le premier degré. Qu’est-il advenu de la priorité au primaire ?

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Et maintenant ?

 

Nous partons de loin, mais rien n’est acté. Bien des points restent à discuter. Bien des décisions restent à arbitrer.

 

Pour juger pleinement de la pertinence de ces premières mesures, il faudrait en savoir davantage sur les années à venir, sur le plan prévu. Sans vision d’ensemble plus précise, il est bien difficile d’accueillir favorablement ce qui nous a été présenté.

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Nous attendons, dans un premier temps, les simulations réactualisées du ministère sur l’impact de la réforme des retraites pour mesurer réellement l’effort à fournir. On ne pourra envisager un avenir précis qu’à partir de données précises.

 

Il ne faut pas se leurrer pour autant. L’indemnité « d’attractivité » peut s’avérer un plus intéressante pour une petite frange de collègues, mais les mesures envisagées au niveau du remplacement et la formation pendant les vacances sont surtout destinées à rassurer l’opinion publique.

 

Le choix politique fort qui était annoncé en faveur des enseignants, et notamment de ceux du 1er degré, tarde à se concrétiser. Ce n’est pas encourageant.

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Laurent Hoefman

Président SNE

 

Philippe Ratinet

Secrétaire général aux publications

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